Le coup d’État au Gabon va servir les intérêts des rebelles nigériens, car les pays favorables à une opération militaire contre les putschistes seront contraints de se concentrer sur la résolution de leurs problèmes internes. C’est l’avis d’experts interrogés par la chaîne de télévision Sky News Arabia.
« Les militaires nigériens vont capitaliser sur ce qui s’est passé au Gabon. La série de coups d’État militaires [en Afrique] est devenue un fait accompli, c’est pourquoi il faut engager le dialogue avec les auteurs de ces coups d’État », estime le politologue sénégalais Abdel Ahad Abdel Rachid. « Les pays voisins, en particulier ceux qui soutiennent l’intervention militaire contre les rebelles au Niger, seront prudents et donneront la priorité à leurs problèmes internes de peur d’être pris dans la vague de coups d’État », a-t-il ajouté.
« Le coup d’État au Gabon va renforcer la position des rebelles au Niger, qui envisagent de négocier une période de transition et une feuille de route », a noté l’africaniste tunisien Alia Alani. Il estime qu’après ce qui s’est passé au Gabon, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « adoptera une approche plus rationnelle pour résoudre certains problèmes du continent, y compris, bien sûr, celui du Niger ».
Selon M. Alani, des événements similaires et des mouvements de protestation se produiront bientôt dans un certain nombre de pays africains dont les populations vivent dans la pauvreté en dépit de leurs énormes ressources.
Un groupe de hauts responsables militaires gabonais avait annoncé précédemment à la télévision nationale son arrivée au pouvoir. Parmi les rebelles figuraient des représentants de la Garde républicaine, dirigée par Brice Oligui Nguema, des services de sécurité, de l’armée et de la police. Les putschistes ont annulé les résultats des élections du 26 août, remportées par Ali Bongo Ondimba, candidat à un troisième mandat.
L’armée a déclaré que le président « était assigné à résidence, entouré de sa famille et de ses médecins ». Ali Bongo Ondimba a lui-même enregistré un message vidéo dans lequel il confirmait être détenu par les militaires dans sa résidence présidentielle.
Le 26 juillet, un groupe de militaires de la Garde présidentielle nigérienne s’est mutiné et a annoncé la destitution du président Mohamed Bazoum. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, dirigé par le général Abdourahamane Tchiani, a été créé pour gouverner le pays.
Les dirigeants de la Cédéao ont imposé de lourdes sanctions au Niger et ont exigé que les rebelles libèrent M. Bazoum, menaçant de recourir à la force.