L’amère vérité derrière la note BB- attribuée au Bénin par Standard & Poor’s
Loin d’être une bonne note pour le Bénin, la mention « BB- » attribuée au pays il y a juste une semaine (16 octobre 2024) n’arrange pas la copie peu reluisante des données macroéconomiques du pays. « BB- » dans le jargon de l’une des plus anciennes sociétés américaines de notation, Standard & Poor’s, signifie pays ou système « peu vulnérable à court terme mais confronté à des incertitudes majeures et persistantes du fait des conditions économiques et financières défavorables ».
Romuald Wadagni, ministre de l’économie et des finances et Patrice Talon, président du Benin
Loin donc derrière le tapage médiatique et les sentiments de satisfaction qui se lit sur le visage de certains membres du gouvernement à la suite de la notation pays des agences de notation, la dernière mention « BB- » attribuée au Bénin ne signifie pas « belle performance » ou « pays bien gouverné » tel que nous font croire les données macroéconomiques publiées dans un communiqué du gouvernement au soir de la publication du rapport de Standard & Poor’s. « BB- » attribuée au Bénin est d’abord de la catégorie des moins bons, ce que la société américaine de notation relègue dans le rang de la « Spéculative ». Cette catégorie désigne tout sauf le concret ou la pratique.
En effet, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s classe dans cette catégorie (spéculative) les pays ou les systèmes dont les données à lui fournie relève de la pure théorie. Ces pays ou systèmes dont les résultats produits se « …fondent uniquement sur la théorie et non sur la pratique ». Le Bénin produirait un raisonnement purement spéculatif, abstrait sur sa croissance, sur son économie et sur son développement. Le Bénin n’est pas classé dans la catégorie des pays à « aptitude extrêmement forte à remplir les obligations financières », la plus haute distinction de Standard & Poor’s. Le Bénin n’est non plus dans le rang des pays à « aptitude très forte à remplir les obligations financières ». Ni dans la catégorie « forte aptitude à remplir les obligations financières avec une certaine sensibilité aux effets défavorables des changements des conditions économiques » ni « aptitude suffisante à remplir les obligations financières.
Une sensibilité plus grande aux effets défavorables des changements des conditions économiques », trois autres rangs inférieurs à la note la plus haute. Le Bénin n’est pas dans le rang des pays considérés pouvant bénéficier de la « …note la plus basse de la catégorie investissement par les acteurs du marché ». Il n’est même pas un pays de la « note la plus haute de la catégorie spéculative par les acteurs du marché » « BB+ ».
Le Bénin est de la catégorie des pays à développement théorique, idéaliste, métaphysique, semble dire Standard & Poor’s depuis 2021. L’économie du Bénin évolue dans une théorie conceptuelle comme le justifie déjà le communiqué du gouvernement qui révèle le dernier classement du pays. « S&P souligne le dynamisme de l’économie béninoise, avec une croissance de 6,4 % du Pib en 2023 et des prévisions moyennes de 6,6 % pour les quatre prochaines années » indique le gouvernement. Or dans les documents de l’Agence de notation, il n’est jamais mentionné quelque part où un pays ou un système noté « BB- » présente une économie dynamique « avec une croissance de 6,4 % du Pib en 2023 et des prévisions moyennes de 6,6 % pour les quatre prochaines années ».
La note instruit que ses experts attribuent « BB- » a une économie « …peu vulnérable à court terme mais confronté à des incertitudes majeures et persistantes du fait des conditions économiques et financières défavorables ». Et même avec la sous-mention « …avec une perspective révisée de « stable » à « positive » », le Bénin ne pourrait passer dans la catégorie supérieure de « Investissement » qui comprend des notations allant de « AAA à BBB- » avec ce narratif sur son économie.
Que comprendre de la dernière note du Bénin
Standard & Poor’s (S&P) prévient ainsi pour la troisième fois consécutive que l’économie du Bénin est vulnérable à court terme même si le risque est faible. Vulnérable aux chocs à la fois exogènes mais surtout endogènes. Cette économie est vulnérable par exemple à la fluctuation des devises étrangères comme le Dollar dans un délai relativement court. Cette économie est aussi vulnérable aux facteurs climatiques tels que la rareté ou l’abondance des pluies et la canicule qui pourrait décimer la production agricole voire les séismes intercontinentaux.