Réalisé à la sauce hollywoodienne, « Respect » revient sur la vie de la diva de la Soul. Un long métrage dans la pure tradition des « biopics » américains, peut-être un peu trop lisse pour une figure aussi exceptionnelle.
Aretha Franklin est décédée à 76 ans, en août 2018, avant la réalisation du film. Mais ce biopic, consacré à l’enfance puis à la première moitié de la vie de la diva de la Soul peut passer – jusqu’à un certain point – pour une Å“uvre, la dernière, d’Aretha Franklin. Non seulement, tout est raconté du point de vue et du seul point de vue de l’héroïne, mais, de surcroît, la chanteuse a, elle-même, validé le choix de celle qui jouerait son rôle, peu avant sa mort : Jennifer Hudson.
Jouet d’un père autoritaire et narcissique
Respect, du nom d’un des plus grands succès d’Aretha Franklin, n’est pas pour autant une aimable biographie. Les péripéties de la vie, pour le moins cabossée de la native de Détroit, la rendaient impossible. Comme le montrent les premières images du film, la future diva est, dès son plus jeune âge, le jouet d’un père très autoritaire qui empoisonnera longtemps son existence.
Elle n’a pas dix ans quand il la réveille régulièrement au milieu de la nuit pour se glorifier devant ses invités du talent vocal, inné de sa fille prépubère, la faisant chanter, en chemise de nuit, lors des nombreuses réceptions qu’il donne en tant que révérend, responsable d’une église baptiste très populaire. Pire, il lui brisera le cÅ“ur en la séparant peu après de sa mère adorée, virtuose du chant elle aussi, répudiée loin de son mari tyrannique et narcissique à l’excès. Elle mourra prématurément dans un accident.
Une décennie de succès
C’est en rencontrant, contre son avis et celui de son révérend de père, trop longtemps resté son impresario, un nouveau producteur et directeur artistique qui lui veut réellement du bien – Jerry Wexler – qu’Aretha Franklin réussira à changer de répertoire. Elle pourra alors, petit à petit, prendre son destin en main.
Jusque-là, bien que repérée et couvée par le grand studio de la Columbia, elle ronronnait gentiment en reprenant des standards. Désormais, avec ses propres morceaux, qui mêlent les influences du gospel et du R’n’B, elle va enchaîner les hits pendant une bonne dizaine d’années, méritant bien son surnom de Reine de la Soul. Jusqu’à ce qu’elle décide, couronnant une nouvelle rédemption après une période difficile, de revenir, pour un enregistrement public en 1972, au « pur » gospel de ses débuts.
L’album Amazing Grace qui en résultera, sera, à la surprise de tous, un immense succès, le plus grand de sa trajectoire déjà colossale. C’est sur cet épisode on ne peut plus positif du parcours de la chanteuse que se termine Respect, un titre bien illustré par cette fin glorieuse. Un tour en salle ne serait donc pas du temps perdu.