Le Premier ministre Burkinabé a expliqué mardi, la démarche des autorités de la transition qui ont fait revenir l’ancien président Blaise Compaoré à Ouagadougou, dans le cadre de la réconciliation nationale. Albert Ouédraogo affirme que ce n’était pas une manière de tordre le coup à la justice, de consacrer l’impunité, mais de dire que les Burkinabè sont capables de faire l’union sacrée.
« Avant que M. Blaise Compaoré ne vienne, il y a eu des démarches au préalable. C’est ce que beaucoup de gens ne savent pas. Nous avons approché la famille de Thomas Sankara, notamment Mariam Sankara, pour l’informer de cette situation et ce que nous comptons faire », a déclaré le Premier ministre Albert Ouédraogo.
Dans sa démarche, le gouvernement Burkinabé s’est aussi rapproché de la justice pour lui expliquer son intention qui, selon M. Ouédraogo, n’est pas dans l’objectif de piétiner la justice. « Nous avons aussi approché le Conseil supérieur de la magistrature et nous lui avons expliqué la démarche que nous sommes en train de mener et rassurer que nous ne sommes pas en train de tordre le coup à la justice, de consacrer l’impunité, mais de dire que les Burkinabè sont capables de faire l’union sacrée que nous vivons », a ajouté M. Ouédraogo.
« J’ai été surpris par l’absence de Roch Kaboré… »
« J’ai été surpris par l’absence de Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, lors de la rencontre du 08 juillet dernier entre les anciens Chefs d’Etat, parce que lors de la campagne présidentielle de 2020, lui-même avait affirmé à Ziniaré que son objectif premier, qu’un de ses chantiers lorsqu’il serait élu serait de faire revenir Monsieur Blaise Compaoré, dans un délai de six mois. C’était une promesse de campagne. Je n’ai pas compris cette attitude qui a consisté à ne pas venir à cette rencontre.
Notre démarche ne s’inscrivait pas dans une logique de retour de Monsieur Blaise Compaoré. Beaucoup n’ont pas compris notre démarche. Il ne s’agissait pas de faire revenir Monsieur Blaise Compaoré de façon définitive, mais il s’agissait surtout de montrer que les anciens dirigeants et les dirigeants actuels peuvent être unis, peuvent faire l’union sacrée pour montrer à nos forces de défense et de sécurité que tout le monde, que toutes les composantes de notre société sont derrière elles.
L’état d’esprit de nos forces de défense et de sécurité peut être perturbé car on voit qu’au niveau national, au plus haut sommet de l’Etat, il n’y a pas d’entente, de cohésion sociale, d’union sacrée. Notre démarche était de booster le moral de nos forces de défense et de sécurité, en montrant que tout le monde, y compris les anciens dirigeants pouvaient se montrer, avec le nouveau dirigeant, pour cette union sacrée.», a précisé le chef de la Primature Albert Ouédraogo.
« Le processus de l’organisation du Forum de la Réconciliation nationale se poursuit. Il n’a pas été entamé par notre Gouvernement, mais, à notre arrivée, nous avons trouvé un dossier qui était avancé. Aujourd’hui, cette question de l’organisation de ce forum n’est pas véritablement prioritaire. La priorité, c’est le défi sécuritaire, c’est le défi humanitaire. Néanmoins, nous poursuivons ce processus. La réconciliation est extrêmement importante dans le contexte actuel ».
Albert Ouédraogo
Un retour controversé
Le Jeudi 07 juillet 2022, Blaise Compaoré était à Ouagadougou sur invitation du président Damiba. Vendredi, il a participé à une rencontre de haut niveau à la quelle tous les anciens présidents étaient conviés. Placée sous le sceau de la réconciliation nationale, la rencontre annoncée en grande pompe n’a connu que la participation de Damiba et deux de ses prédécesseurs à savoir: Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouédraogo.
Roch Kaboré renversé le lundi 24 janvier 2022 n’a pas pu prendre part à la rencontre car « empêché par un groupe d’individus », selon le Président du Faso. Michel Kafando, soufrant, n’était pas également de la partie. Il en est de même pour Isaac Zida en exil au Canada pour des « raisons administratives », précise le lieutenant-colonel Damiba.
Au terme de la rencontre, les participants ont appelé à l’union et à la cohésion sociale, en dépassant toutes les clivages politico-ethniques afin de faire efficacement face aux maux qui entravent la stabilité et le développement du pays, en l’occurrence le terrorisme.
Notons que le retour de Blaise Compaoré sans inquiétude au Burkina Faso, après 08 ans d’exil en Côte d’Ivoire, a suscité des critiques en raison de sa condamnation à la prison à perpétuité pour « complicité d’assassinats » et « atteinte à la sûreté de l’État ».