L’ancien ministre français de la défense Hervé Morin a évoqué la situation de la France au Mali et a souligné qu’on « a un schéma qui s’approche chaque jour de plus en plus de ce que l’on a connu en Afghanistan ». Il assure que la France devrait se retirer de ce pays.
Alors que les relations entre la France et le Mali sont de plus en plus tendues, l’avenir de la présence militaire française est menacé. Paris a indiqué qu’elle se donne deux semaines pour réexaminer sa présence au mali avec ses partenaires européens et africains. Analysant la situation, l’ancien patron des armées de France, Hervé Morin, assure que la solution pour la France actuellement est de partir du Mali.
«Â Quelle autre solution avons-nous que de nous retirer du Mali », estime Hervé Morin lors de son apparition à la matinale de la chaîne Public Sénat. Selon lui, ce que vit Paris avec le Mali n’est pas loin de la situation du pays dans un passé récent en Afghanistan. « On a un schéma qui s’approche chaque jour de plus en plus de ce que l’on a connu en Afghanistan », a-t-il indiqué. « On est arrivés pour combattre le terrorisme et reconstruire un Etat sur un accord politique et on apparaît de plus en plus comme une force d’occupation », a-t-il regretté.
Morin a évalué la situation et a suggéré qu’il serait mieux pour la France de quitter le Mali s’il n’y avait pas un accord politique bien précis. « Continuer à déployer des forces importantes, sans accord politique, quels que soient les moyens déployés, l’équation est impossible. Il y a un moment il faut en tirer les conclusions », estime-t-il en soulignant que la situation politique interne au Mali oblige à mettre fin à l’opération Barkhane.
« Il y a un espace gigantesque et un accroissement des forces terroristes. On ne peut pas installer quelque chose de durable et de stable si les conditions ne sont pas réunies dans le pays », explique Morin. Pour lui, la France n’a pas « réussi son but de guerre et de ce fait ne peut rester présente au Mali contre l’avis des autorités locales. Le renvoi de l’ambassadeur de France est une rupture ».
« Quelle autre solution avons-nous que de nous retirer ? Barkhane doit être revue de fond en comble, il nous faut nous replier sur le Niger pour pouvoir intervenir en cas d’urgence », propose encore l’homme politique. Pourtant, « on ne retire pas 5000 hommes du jour au lendemain, il faut faire ça dignement et proprement, pour arriver à rapatrier nos moyens. Ce sont des opérations très lourdes », conclut Hervé Morin.