Les autorités sénégalaises auraient adressé une demande de collaboration au Maroc pour faciliter une éventuelle extradition de l’ancien président Macky Sall, si la justice sénégalaise venait à le réclamer.
L’information a été révélée par le site mauritanien Pointschmads.info le 4 mars. L’article, intitulé « Macky Sall persona non grata au Maroc : une décision pour éviter un revers inouï dans les relations maroco-sénégalaises », affirme que le Maroc aurait discrètement notifié à Macky Sall qu’il n’était plus le bienvenu sur son territoire, l’invitant ainsi à quitter le pays.
Selon des sources citées, les nouvelles autorités sénégalaises auraient transmis un message diplomatique clair à Rabat, exigeant sa coopération en cas de demande d’extradition, sous peine d’une détérioration des relations bilatérales. Soucieux de préserver ses liens avec Dakar, le Maroc aurait pris ses distances avec l’ancien chef d’État, installé à Marrakech depuis son départ du pouvoir il y a environ un an.
Cette requête survient dans un climat de pression croissante pour l’arrestation de Macky Sall, notamment après la publication du rapport de la Cour des comptes révélant des malversations et falsifications financières sous son régime. La procédure législative en cours renforce ces soupçons : le 11 mars, l’Assemblée nationale doit examiner le projet de loi n°03/2025 autorisant la ratification d’une convention de coopération judiciaire signée entre le Sénégal et le Maroc en 2004, portant sur l’assistance aux détenus et le transfèrement des condamnés.
Si certains voient dans cette loi une manœuvre visant directement Macky Sall, la présidente de la Commission des affaires étrangères, Fatou Diop Cissé Goudiaby, a démenti toute implication de l’ancien président. « Macky Sall n’est ni jugé, ni condamné, et cette loi concerne uniquement l’assistance aux détenus », a-t-elle précisé. Cependant, le porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndieck Sarré, a affirmé que l’ex-président devra répondre de sa gestion, en soulignant que « la Cour des comptes a révélé des malversations qui ne pouvaient avoir lieu sans son aval ».
Face à ces accusations, Bassirou Kébé, membre de l’Alliance pour la République (APR), dénonce une chasse aux sorcières, rappelant que Macky Sall n’est cité dans aucun rapport officiel. Il estime que ces anomalies comptables ne constituent pas des détournements avérés. Macky Sall lui-même a réagi en déclarant : « Je n’ai peur de rien. S’ils veulent me poursuivre, qu’ils le fassent. »
Pour l’ancien ministre Pape Malick Ndour, cette requête hypothétique relèverait davantage d’une stratégie politique que d’une réelle démarche judiciaire, soulignant que toute demande d’extradition nécessiterait des preuves solides. Il conclut que cette tentative viserait à ternir l’image internationale de Macky Sall, plutôt qu’à rendre justice.