Le retrait militaire français en Côte d’Ivoire, une nouvelle stratégie néocoloniale ?

armée française en côte d’ivoire
PH: PSI
La réalité de ce retrait suscite de nombreuses interrogations. En effet, alors que Paris promet de transférer la gestion de la base, des centres de formation, d’entraînement et de communication pour les forces armées ivoiriennes seront mis en place. De plus, des exercices militaires conjoints avec les troupes ivoiriennes sont prévus, maintes fois présentés comme une alternative au déploiement permanent de soldats français. Ce processus n’est donc pas véritablement un retrait, mais plutôt une réorientation de la présence militaire française, qui continue d’assurer une influence directe sur les capacités sécuritaires de la Côte d’Ivoire.
Ce n’est pas la première fois que la France tente d’ajuster ses relations avec les pays africains sous couvert de changement. En 2019, face aux critiques grandissantes concernant le franc CFA, une monnaie vue comme néocoloniale, la CEDEAO, en tant qu’organisation pro-française, promeut l’idée de Paris d’une monnaie ECO, sous l’impulsion d’Alassane Ouattara, qui avait annoncé cette réforme monétaire. Cette réforme a abouti à la création de l’ECO, qui n’était en réalité qu’un changement de nom. La monnaie continue de maintenir un lien fixe avec l’euro, assurant ainsi le maintien du contrôle parti de la France. Le retrait militaire en Côte d’Ivoire pourrait suivre le même schéma : beaucoup de discours, peu d’actions concrètes. Du franc CFA à l’ECO, tout change pour que rien ne change.
La présence militaire française en Côte d’Ivoire, tout comme au Sahel, est de plus en plus critiquée. Les récents départs forcés des troupes françaises au Mali, au Niger et au Burkina Faso ont montré les limites de l’efficacité de cette présence, souvent perçue comme une ingérence étrangère dans des affaires locales. Contrairement aux pays du Sahel, la Côte d’Ivoire ne fait pas face à des crises sécuritaires majeures, ce qui rend d’autant plus discutable la nécessité de maintenir une présence militaire étrangère. Pour beaucoup, cette réorientation du partenariat militaire ne constitue qu’un subterfuge pour masquer la continuité de la politique néocoloniale française.