Dans une vidéo diffusée ce dimanche 14 mai 2023, l’ancien député Valentin Djènontin a révélé les coulisses du pardon accordé à Patrice Talon par l’ex-président Boni Yayi dans le cadre des affaires « tentative d’empoisonnement » en 2012 et « tentative de complot contre l’État » en 2013. Dans le premier dossier, les mis en cause avaient été accusés d’avoir eu l’intention de faire avaler au Chef de l’État des médicaments mortels à la place des antidouleurs qu’il prenait.
Ministre de la Justice au moment du pardon de Boni Yayi à Patrice Talon, Valentin Djènontin a brisé le silence sur quelques éléments clés qui ont abouti à ce geste historique de Boni Yayi. Selon l’ancien député, exilé en France depuis quelques années, l’ancien président Diouf a joué un rôle important dans les tractations.
Secrétaire général de la Francophonie à l’époque, le président Diouf était, selon Valentin Djènontin, le médiateur entre Boni Yayi et Patrice Talon. Il assurait cette mission en liaison avec le Quai d’Orsay, à qu’il devait rendre compte selon les dires de Djènontin. « Dans cette entreprise de pardon, le président Diouf a reçu les excuses et aveux de Patrice Talon », a déclaré l’ancien Garde des sceaux.
Valentin Djènontin a déclaré que c’est dans un texte manuscrit que Patrice Talon a fait ses aveux et présenté ses excuses au président Boni Yayi. Le message, révèle-t-il, avait été porté par un « certain SAADA, une personnalité française au service du président Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie, officiant au titre de médiateur », a précisé l’ex-député.
Le pardon et les premières retombées
« Le messager français a supplié le président Yayi de pardonner au nom de la Francophonie et de l’âge du président Diouf qui devrait rendre compte au Quai d’Orsay », a indiqué Valentin Djènontin.
Selon ses propos, c’est après toutes ces démarches que Boni Yayi avait décidé d’accorder son pardon à Patrice Talon et à toutes personnes citées dans les deux affaires, le 14 mai 2014. Au lendemain du discours de pardon, les personnes détenues ont été remises en liberté.
Du retour de Patrice Talon à Cotonou…
Au début de ses ennuis avec Boni Yayi, Patrice Talon s’était très vite exilé en France. Ce n’est qu’après le pardon et d’autres tractations qu’il est rentré au bercail. Mais sur ce volet du dossier, Valentin Djènontin n’en sait visiblement pas grande chose. « Je n’ai pas été consulté et je n’ai pas été dans l’économie des tractations », a-t-il indiqué.
Par contre, l’ancien Ministre de la Justice a confié qu’il s’était retrouvé fortuitement dans le Bureau de Boni Yayi quand il envoyait ses émissaires auprès du président Faure Gnassingbé et du président ivoirien Alassane Ouattara pour leur signifier son accord pour le retour de Patrice Talon. Cette délégation était constituée, selon Valentin Djènontin, de l’ancien premier ministre Lionel Zinsou et de l’ex-garde des sceaux Evelyne da Silva.
En revenant sur ces faits 09 ans après, Valentin Djènontin dit vouloir toucher la sensibilité de Patrice Talon, aujourd’hui président de la République. Pour Djènontin, si Boni Yayi a été capable de pardonner dans ces affaires rocambolesques, Patrice Talon devrait être capable de faire la même chose pour la libération des « détenus politiques » et le retour « des exilés politiques ».
