Au Bénin, la chute du mythe du diplôme ouvre l’à¢ge d’or de l’artisanat

formation couture @CFPC
Au Bénin, de plus en plus des jeunes nantis de gros diplômes scolaires optent pour l’apprentissage d’un métier de l’artisanat. Ce qui était impossible dans un passé récent où décider d’apprendre un métier avec le niveau Bepc est perçu comme une erreur. Choisir d’aller dans un atelier d’apprentissage avec le niveau de la classe de la terminale était vu comme un choix suicidaire. Ce qui fait que l’examen du Baccalauréat devenait un pèlerinage pour plusieurs apprenants qui auraient dû éviter cette perte de temps en se tournant vers un métier dans le secteur de l’artisanat. C’était l’époque où on se permet de croire que la maçonnerie, la menuiserie, la couture, la coiffure, la soudure, la peinture, la plomberie et autres, sont des métiers réservés uniquement aux analphabètes et à ceux dont les têtes ne sont pas faites pour les études.
Le mythe des diplômes académiques étaient si fort que même ces artisans de par le passé ne souhaitaient jamais voir leurs enfants opter pour leur métier ou un autre du secteur artisanal. Ils voyaient que seuls ceux qui ont de gros diplômes réussissent dans la vie. Pour ces derniers, la réussite sociale consiste à travailler pour l’Etat en tant que fonctionnaire ou en tout cas aller s’assoir dans un bureau d’une entreprise privée ou publique. A cette époque-là, ceux qui arrivent à rouler correctement la langue française sont perçus comme les plus intelligents et des personnes qui ne doivent pas faire ces activités génératrices de revenu que d’aucuns considéraient comme des sots métiers. Même le commerce à l’époque était systématiquement réservé aux illettrés.
Mais ces dernières années, ce mythe du diplôme académique est tombé de sorte que le Bac, la licence, le master et autres se retrouvent dans les ateliers auprès d’un patron qui peut-être a le Cep mais qui se distingue par son savoir-faire. Plein d’étudiants vont désormais s’inscrire délibérément dans les ateliers de métier histoire d’avoir plusieurs cordes à leur arc. Dans bien des cas, c’est d’ailleurs cette corde secondaire qui sauve ceux qui arrivent à surpasser leur égo et à mettre de côté l’illusion qu’ils se font de leur niveau d’étude. Plusieurs parents voient de plus en plus que c’est une erreur voire un gâchis d’envoyer l’enfant à l’école seulement sans le pousser à savoir faire quelque chose d’autre à la fois.