Au Bénin, vers une électrification des taxi-motos
Dans le Grand Nokoué, les zémidjans font partie intégrante du quotidien. Ces motos-taxis, qui sillonnent sans relâche les rues de Cotonou, Porto-Novo ou Abomey-Calavi, incarnent un pilier économique et un mode de transport essentiel. Mais ce symbole de mobilité populaire est à un tournant décisif. Le Projet de Mobilité Urbaine Durable du Grand Nokoué (PMUD-GN) introduit une transformation ambitieuse : l’électrification des deux-roues. Derrière cette initiative se cachent des promesses d’un avenir plus vert, mais aussi des défis de taille pour les milliers de conducteurs.
Zémidjan; Crédit Photo: Archives Benin web tv
Le rapport du PMUD-GN décrit un secteur du transport à deux-roues majoritairement artisanal, caractérisé par une organisation informelle et une flotte vétuste. Les zémidjans remplissent un vide créé par l’absence d’un transport public efficace, offrant un service accessible dans les moindres recoins des villes du Grand Nokoué. Toutefois, leur dépendance aux motos à essence a des conséquences alarmantes : pollution atmosphérique, nuisances sonores et hausse des maladies respiratoires chez les riverains.
Avec près de 2,5 millions d’habitants, le Grand Nokoué ne peut plus ignorer l’urgence de moderniser ce secteur. L’électrification des zémidjans apparaît alors comme une opportunité unique pour conjuguer modernité et durabilité.
Les promesses de l’électrification
Selon le document, le PMUD-GN prévoit une transition progressive vers une flotte de motos-taxis électriques. Ce projet comprend trois volets clés : une assistance technique pour structurer la filière, le déploiement de motos électriques et la mise en place d’une industrie locale dédiée à la mobilité électrique. L’objectif ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la qualité de vie des habitants et offrir aux conducteurs une solution économique à long terme.
« Les motos électriques nécessitent moins d’entretien et leur coût opérationnel est inférieur à celui des modèles à essence », souligne le rapport. Ces motos pourraient ainsi alléger les dépenses quotidiennes des zémidjans, souvent prises en otage par la fluctuation des prix du carburant.
Si la perspective d’une baisse des coûts d’exploitation séduit certains, d’autres, comme de nombreux mécaniciens dépendants des motos thermiques, redoutent une précarisation. « Les conducteurs qui n’auront pas les moyens d’acheter ces nouveaux modèles risquent d’être exclus », note le rapport, évoquant un potentiel impact social négatif en cas de mauvaise gestion de la transition.
En revanche, pour les conducteurs prêts à adopter ce changement, des formations sur la conduite, la maintenance et la gestion financière sont prévues. Ces initiatives visent à professionnaliser un secteur encore informel et à renforcer les capacités des acteurs.