Dans une interview accordée à Rfi ce mercredi 27 octobre 2021, Jean Michel Abimbola, le Ministre en charge de la culture, a rassure l’opinion publique internationale que le Bénin ne veut pas se contenter de la restitution de ces 26 Å“uvres d’arts pillées au Palais d’Abomey au XIXe siècle. Le Bénin rêve grand, mais dans une politique de dialogue et non de réclamation.
Pendant que le musée du quai Branly fait ses adieux aux 26 Å“uvres d’art du Bénin, pillées par les troupes coloniales françaises, le Ministre béninois de la culture, Jean Michel Abimbola, annonce que le Bénin pense aller encore plus loin. « Nous avons réclamé cette pièce emblématique. Nous continuons de discuter avec la partie française et nous ne désespérons pas que nous trouverons dans les prochains mois, dans les prochaines années satisfaction pas seulement pour le ‘’dieu Gou ‘’ y compris pour d’autres pièces. »
En effet, par « dieu Gou », le ministre béninois évoque la sculpture du dieu Gou, chef-d’Å“uvre de l’art béninois, et qui ne fait pas partie des 26 pièces que la France va restituer au Bénin. Cette pièce, d’une valeur historique, symbolique et protectrice très forte pour la population béninoise, a également été spoliée au palais d’Abomey par les troupes coloniales du général Dodds en 1892. Une spoliation qui fût une entreprise systématique de vol spirituel pour empêcher ces peuples « colonisés » de se reconstruire.
« Il ne s’agit pas de 26 Å“uvres ou 30 Å“uvres ou 50 Å“uvres, nous sommes bien au-delà. Après avoir discuté ensemble, je crois que nous pourrions poursuivre évidemment cette politique historique (…) Nous n’avions pas formulé de façon spécifique la demande de restitution pour les 26 Å“uvres. Nous avons formulé une demande de portée générale. Nous avons réclamé, nous avons souhaité et ça a été acté dans le programme de travail commun un inventaire pour que nous soyons de part et d’autre mieux informés et voir comment nous pouvons programmer la poursuite de cette coopération« , a ajouté le Ministre Jean-Michel Abimbola. Et de poursuivre « ce n’est qu’un début par rapport à cette coopération que nous avons voulu implémenter, que le gouvernement du Bénin et son président ont voulu avoir avec la partie française ».
Aujourd’hui, selon des experts, 85 à 90 % du patrimoine africain serait hors du continent. Au moins 90 000 objets d’art d’Afrique subsaharienne se trouvent dans les collections publiques françaises, dont 70 000 au Quai Branly. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays – Sénégal, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Tchad, Mali, Madagascar – ont soumis des demandes de restitutions. En ce qui concerne le Bénin, plus de 3.000 pièces ont été volées par la France qui, pourtant disait vouloir coloniser un peuple en lui volant son patrimoine identitaire.