Amir El Presidente – Secrets d’État: le décryptage dans le fond et la forme de Ghislain Kodjo
Au commencement étaient deux mots « Faut Gérer » et la titanomachie (guerre des titans) fut déclenchée. Dans la foulée Kaysee Montejano sort un son qui, si tu l’écoutes en profondeur ressemble plus à de l’égotripe qu’à un son de clash taillé sur mesure pour une cible bien déterminée. D’ailleurs, il l’a avoué lui-même qu’il a surfé sur l’engouement créé autour de « Faut Gérer » pour sortir un vieux couplet qui dormait dans ses pages. Quoi qu’il en soit, le son « Faut Gérer » a jeté de l’huile sur le feu et Amir El Presidente est rentré en studio pour pondre une réponse, cette fois-ci bien ciblée avec des attaques personnalisées. Bref, le vendredi 22 octobre dernier on a eu droit à « Secrets d’État ». Voici mon analyse du son, tant sur le fond que sur la forme.
Image d’illustration
Sur le fond
Dans le fond, le son commence par un extrait montrant Kaysee qui fredonnait l’un des couplets d’Amir à l’époque de Diamant Noir. Le but de cet extrait est de montrer au public qu’il est tellement bon que même le supposé meilleur rappeur connaît ses couplets par cœur. Soprano connaît par cœur certaines chansons de Kenji. Dira-t-on que Kenji est plus fort que Soprano ? Moi je vois plutôt en cet extrait une proximité entre les protagonistes. Cela signifie simplement que dans un passé lointain, ils trainaient ensemble et la phrase de Kaysee dans l’extrait « si quelque chose est bon, il faut le reconnaître », témoigne qu’il sait donner à chacun sa place. Il y avait donc une sorte de respect mutuel entre les deux rappeurs si on tient compte de l’archive sortie par Amir. D’ailleurs lui-même l’a répété partout sur les réseaux, en commentaires ou en Lives directs que Kaysee est un excellent rappeur qu’il respectait beaucoup et c’est justement pour cela qu’il ne comprend toujours pas, pourquoi il l’a attaqué. Puisqu’il n’y avait aucun problème entre les deux anciens amis. Bon faut noter que l’attaque supposée se résume à deux mots : « Faut Gérer » que chacun peut interpréter comme il veut.
Bref continuons. Dans la phrase « quand Zebla t’a menacé tu t’es chié dessus », Amir essaie de rallier les fans de Blaaz Officiel et de montrer que Kaysee est un peureux, un faux rappeur qui fuit les défis. Bref il veut établir la suprématie de Blaaz sur Kaysee et ainsi dire qu’il n’est rien dans le Game. Blaaz, il faut le savoir, est amicalement appelé par ses fans le roi de la street et a quand même une certaine crédibilité et notoriété. L’encenser dans une chanson c’est aussi attirer la sympathie de ses fans. Dans un clash, ce qui compte c’est d’avoir plusieurs alliés. Seulement qu’il un bémol dans cette tentative d’établir la suprématie de Blaaz sur Kaysee puis que Blaaz lui-même reconnaît que Kaysee est son boss en termes de rap.
De quoi parle donc Amir ? Je n’ai pas suivi l’histoire de menace, mais je suis sûr que c’était une mal-compréhension que les deux rappeurs ont dû gérer à l’amiable. Blaaz est très posé et ne se lance pas dans des guerres inutiles donc je suis sûr que le Edge lui aurait peut-être fait quelque par inadvertance et s’est excusé et ils ont géré ça entre vrais, car vrais reconnaissent vrais. La preuve, Kaysee était annoncé sur le concert de Blaaz. Je ne sais pas si c’est toujours le cas. Donc si on creuse à fond ce punchline, il va perdre de poids, tout comme l’attaque envers Kmal Radji qui a été tirée de la couverture d’un magazine qui titrait « j’aime les femmes bourrées ». Les journaux adorent les titres pompeux pour pousser à l’achat. Amir s’est donc contenté de prendre le titre sans faire l’effort d’aller dans le fond alors qu’il joue sur sa réputation sur ce son. Bref, passons à autre chose.