En dépit de l’amnistie générale proclamée par les dirigeants fondamentalistes, les menaces, arrestations et assassinats ciblés se multiplient. Le général Haji Mullah Achakzai, qui était connu comme un ennemi juré des talibans, a été exécuté.
Des images diffusées jeudi 19 août 2021 – et authentifiées par ses ex-collègues – sont glaçantes : Haji Mullah Achakzai, ancien chef de la police dans la province de Baghdis (ouest), est agenouillé, les yeux bandés. Des talibans l’exécutent de plusieurs tirs à bout portant.
La vidéo horrifiante de la terreur des talibans a été diffusée. On y voit le chef de la police de la province de Badghis, en Afghanistan, les yeux bandés et les mains liées, puis sauvagement assassiné. La vidéo, qui a été largement partagée sur les médias sociaux vendredi 20 août, montre Achakzai, menotté et les yeux bandés, à genoux, entouré d’insurgés talibans qui lui tirent dessus à plusieurs reprises.
Selon les rapports, les talibans ont encerclé la zone, près de la frontière turkmène, lors d’une avancée fulgurante à la fin de la semaine dernière, et avaient emprisonné le chef de la police de la province de Badghis. Nasser Waziri, conseiller afghan en matière de sécurité et ami d’Achakzai, a déclaré à Newsweek que le groupe djihadiste avait partagé les images troublantes par le biais d’un réseau lié aux talibans. « Il était encerclé par les talibans et n’a eu d’autre choix que de se rendre la nuit dernière », a déclaré Waziri à la publication.
Le général Achakzai, âgé d’une soixantaine d’années, était un combattant bien connu dans le long conflit qui oppose les talibans aux forces du gouvernement civil afghan. Après avoir pris le contrôle de l’Afghanistan, les talibans avaient juré qu’ils ne vengeraient pas leurs anciens ennemis.
Des « listes prioritaires » de personnes à arrêter
Le porte-parole des talibans, Sabihullah Mujahid, avait annoncé à Kaboul une amnistie générale
 ​et assuré devant les caméras qu’il n’y aurait de représailles contre personne. Depuis, de nombreux témoignages viennent démentir ces promesses de magnanimité. L’heure semble bien aux représailles. Ainsi, dans la province orientale du Nouristan, la famille d’un gouverneur de district en fuite a été rouée de coup : la soldatesque islamiste voulait savoir où il se terrait.
Dès lundi 16 août, des miliciens ratissaient des quartiers de Kaboul en porte à porte. Selon un rapport du Centre norvégien d’analyses globales, organisme de renseignement privé travaillant régulièrement pour l’Onu, les talibans ont constitué des listes prioritaires
​de personnes à arrêter. Nous nous attendons à ce que les individus ayant travaillé pour les forces américaines et de l’Otan, ainsi que leurs familles, soient menacés de torture et d’exécutions
​, a déclaré son directeur, Christian Nellemann.
Selon Nasser Waziri, consultant en sécurité interrogé par Newsweek, les talibans ont hacké la base de données des renseignements, ce qui leur a donné accès à l’identité et aux données biométriques des agents. D’après le site d’investigation The Intercept, les miliciens ont aussi fait main basse sur des terminaux portables d’identification biométrique utilisés par les militaires américains pour contrôler l’accès à leurs installations. Plusieurs traducteurs ayant travaillé pour les États-Unis ont été abattus cette semaine.