Live logo
AccueilReflexionOpinionWoman King, et déjà l'hérésie!
spot_imgspot_img

Woman King, et déjà l’hérésie!

Accédez via CE LIEN pour ajouter une contribution, une opinion ou une réflexion. C'EST GRATUIT
-Publicité-

La bande annonce d’un film montre tout, en même temps presque rien. C’est la vitrine achalandée d’une boutique qui vous permet de voir en accéléré ce qui est présumé être ses atouts majeurs.

Sur le plan cinématographique, c’est une mise en scène de la mise en scène de l’histoire qui permet de capter, sans l’air d’y toucher, les moments singuliers de l’oeuvre. Parfois, on n’y voit que dalle, le principal ressort étant de s’appuyer sur quelques éléments subjectifs du réalisateur pour parler du film. En français courant, on appelle cela  » prétexte ».

Woman King, annoncé comme le blockbuster de l’année, ne suscite pas seulement la curiosité des Béninois; il a aiguisé leur envie d’en découdre avec la co-réalisatrice et actrice du film, la charismatique Viola Davis. Comme si, d’avoir commis un film sur les agodjiés du Danhomè sans les Béninois, d’avoir tourné ailleurs que sur les terres ancestrales de ces personnages, de n’avoir recruté ni technicien ni acteur du pays était un crime de lèse-majesté. La menace de scier l’oeuvre en deux et l’agitation de la trique contre son auteur sont devenues alors les seules réponses que les Béninois projettent leur opposer.

- Publicité-

Les Américains, premiers capitalistes de l’industrie du cinéma, savent exploiter l’imaginaire des autres tant qu’ils peuvent le ramener à leurs standards. Aucune culture ne leur est indifférente. Asie, Inde, Australie, Moyen orient, toutes les aires, de la plus proche à la plus lointaine, leur ont toujours servi de substance pour nourrir leurs inspirations et redéployer leur créativité. Jusque là, l’Afrique noire n’a pas suscité grand chose dans leur industrie. Mis à part Coming to America, Lion King, Invictus ( et l’ensemble des films sur Nelson Mandela), Amistad et Black Panther, ils n’ont utilisé que quelques éléments du patrimoine africain pour alimenter leurs industries. Woman King, parce qu’il nous concerne directement, constitue le film le plus ancré dans l’ère et l’histoire africaines.

Nansica dont on suit la trajectoire dans le film, est le personnage-héros de l’histoire, l’agodjie redoutable. Sous les traits de Viola Davis, elle se lance â l’assaut des ennemis blancs français, négriers barbares ayant réduit une partie de son peuple en esclavage. À ses côtés, elle formera une nouvelle recrue, une jeune femme ambitieuse qui n’est autre que sa propre fille.

La bande annonce qu’on suit sur les réseaux sociaux privilégie le côté spectaculaire du film, avec les amazones en mode d’attaque sur le front de guerre. Les mouvements de foule à l’intérieur du palais royal, les paysages ceinturés d’immenses pleines et des horizons éclaboussés d’un soleil mauve, les bateaux mouillant au large de Ouidah avec des négriers au regard méprisant, créent des jeux de contraste et donnent la mesure du parti pris narratif de l’oeuvre. Une oeuvre qui surprend par la présence des chevaux au Danhomè, l’utilisation de l’anglais par les agodjiés ( avec un accent horrible) et tant d’autres petites turpitudes.

- Publicité-

Enfin, je ne puis finir sans parler de ma référence littéraire en la matière, L’Esclave de Kangni Alem qui met en scène fort justement l’amazone Nansica, déterminée à servir jusqu’au sacrifice le jeune roi GUEZO qui vient d’accéder au pouvoir. Ce roman, qui prend ses sources dans les arcanes du pouvoir du Danhomè, reste d’une actualité surprenante aux côtés, bien sûr, de l’inévitable et royal Doguicimi de Paul Hazoumè.

- Publicité-

A voir aussi

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!