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USA vs Chine : les dessous d’une Guerre Économique Totale

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Il était une fois deux nations qui dominaient outrageusement l’économie mondiale : des puissances militaires de premier rang, également championnes du soft power. L’une était le leader de l’Occident, première démocratie au monde, avec le concept de liberté individuelle ancré au plus profond d’elle-même. Terre de pionniers, d’opportunités et paradis de l’entrepreneuriat. L’autre était une civilisation très ancienne, façonnée par le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme, longtemps dirigée par des dynasties successives d’empereurs. Cette nation était désormais autoritaire, mais pragmatique, ayant troqué l’économie planifiée pour une économie socialiste de marché afin de se moderniser et de rattraper son retard sur les puissances occidentales.

Deux titans, chacun pourvu d’un territoire gigantesque, que tout oppose, mais qui, par la force des choses, apprennent à cohabiter depuis plus de 70 ans et à se partager notre planète, voire même le cosmos. Deux pays rivaux qui se confrontent en mettant en jeu leurs modèles économiques et leurs visions du monde, perpétuellement en lutte pour occuper ou garder la place de première puissance mondiale, mais dépendant technologiquement et économiquement l’un de l’autre.

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Découvrons maintenant quelles sont les conséquences de ce conflit commercial à grande échelle pour leurs économies respectives et pour les autres économies. Existerait-il une alternative pour nous, Européens ? « Êtes-vous avec nous ou contre nous ? » était la question manichéenne chère à George W. Bush. Aujourd’hui, nous vous racontons la guerre économique bien réelle qui sévit entre les États-Unis et la Chine.

L’Europe entre les États-Unis et la Chine

Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera. Ce titre de l’essai d’Alain Peyrefitte, paru en 1973, exprime un sentiment que tous les pays du globe partagent désormais, puisque la Chine s’est bel et bien éveillée, au point d’effrayer son principal rival, les États-Unis d’Amérique, première puissance mondiale juste devant la Chine, mais pour combien de temps encore ? Pourtant, la Chine communiste est encore une jeune nation. Peu après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, l’armée américaine a pris part à la guerre de Corée de 1950 à 1953. Le but des États-Unis était de faire triompher le sud de la Corée, capitaliste, contre sa sœur ennemie du Nord, envahisseuse mais surtout communiste, soutenue par la Chine et l’URSS. Vous connaissez sans doute la suite : statu quo, une Corée divisée en deux au niveau du 38e parallèle nord.

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Après ce conflit et de longues années de méfiance mutuelle, les relations entre les deux pays commencèrent à se réchauffer. D’abord en 1972, par une visite du président américain Richard Nixon à son homologue chinois Mao Zedong, puis à Washington, cette fois entre le successeur de Mao, Deng Xiaoping, et le président américain Jimmy Carter. Le 31 janvier 1979, ils établirent les bases des relations diplomatiques entre les États-Unis et la République populaire de Chine, avec, au menu, la reconnaissance par les États-Unis de Taïwan comme partie intégrante de la République populaire de Chine, devant être rattachée un beau jour à cette dernière.

Sous la présidence de Deng Xiaoping, des réformes d’ampleur furent mises en place, et l’accélération économique fut considérable. La Chine devint l’atelier du monde, fabriquant notamment pour les États-Unis. Sous la houlette de Jiang Zemin et Hu Jintao, successeurs de Deng Xiaoping, le pays a poursuivi son essor économique et sa modernisation jusqu’à devenir membre de l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, en 2001, premier exportateur mondial en 2009 et deuxième puissance mondiale en 2010, détrônant le Japon en 2022.

Le produit intérieur brut des États-Unis s’élève à 24 796 milliards de dollars, talonnés par la Chine, solidement installée sur la deuxième marche du podium mondial avec un PIB de 18 460 milliards. Résolument rivaux, beaucoup d’économistes estiment toutefois que les deux premières puissances de notre planète sont condamnées à s’entendre. La Chine détient un nombre considérable de bons du Trésor américain, au point d’en faire le deuxième créancier étranger des États-Unis. Quant aux États-Unis, ils fournissent énormément de denrées agricoles à la Chine. Enfin, les deux pays sont interdépendants industriellement : les États-Unis ont besoin des biens fabriqués par l’Empire du Milieu, tandis que la Chine a besoin de matériaux, de produits technologiques et de matières premières provenant de l’Oncle Sam.

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L’avènement de deux hommes politiques va mettre à mal ce fragile mariage de raison : à ma gauche, Xi Jinping, président de la République populaire de Chine depuis 2013 ; à ma droite, Donald Trump, vainqueur de l’élection présidentielle américaine en 2016, porteur du slogan « Make America Great Again », prônant de rendre à l’Amérique sa grandeur passée, laquelle passe, à ses yeux, par une mise au pas de la Chine. Sous l’impulsion de Xi Jinping, la Chine favorise les entreprises chinoises puisque 80% des produits consommés en Chine sont locaux, un phénomène particulièrement flagrant pour l’attribution de marchés publics. D’autre part, l’implantation d’entreprises étrangères sur le sol chinois est conditionnée à un transfert de leur technologie au profit de Pékin. L’objectif de Xi est de faire de son pays la première puissance mondiale à l’horizon 2049, afin de célébrer dignement le centenaire de la République populaire de Chine.

Mais Donald Trump, soucieux de protéger le marché américain et d’enrayer le transfert de technologies chinoises, multiplie les critiques à l’encontre de la Chine. En bref, Donald souhaite empêcher la Chine de devenir la première puissance économique et mondiale, tandis que Xi vise exactement l’inverse. Cette escalade opposant ces deux personnalités ne pouvait mener qu’à une guerre économique. Tout commence par des reproches du président Trump à propos de la balance commerciale entre les deux pays, laquelle avantage la Chine puisque celle-ci exporte nettement plus ses produits vers les États-Unis que l’inverse. Trump critique également la dévaluation artificielle du yuan par Pékin, afin de favoriser les exportations chinoises. Chez les républicains comme chez les démocrates américains, de nombreuses voix s’élèvent, trouvant anormal que la Chine, qui privilégie outrageusement ses entreprises, soit passée experte dans la pratique du dumping, c’est-à-dire la vente d’un produit à un prix inférieur au prix de revient pour éliminer la concurrence

Ou encore l’achat massif des entreprises américaines, surtout quand elles sont synonymes de nouvelles technologies et de brevets tombant dans l’escarcelle de Pékin. Enfin, ils accusent la Chine de violer les droits internationaux à la propriété intellectuelle. En d’autres termes, la Chine menace dangereusement l’autonomie économique et technologique américaine. À Washington, la coupe est pleine. Trump lance donc les hostilités en 2018 : le 22 décembre, les États-Unis instaurent des taxes douanières sur les panneaux solaires et les machines à laver chinoises, puis ils taxent à 25% l’acier importé, conscients que la Chine en est le premier exportateur mondial, et à 10% l’aluminium. Le 22 mars, l’administration Trump impose des taxes douanières à 1 300 produits chinois. Pékin réplique dès le 23 mars et annonce taxer 128 produits américains, comme la viande de porc, avec une taxation variant entre 15% et 25% en fonction des produits. À partir de cette période, les États-Unis et la Chine vont s’échanger des amabilités à coups de droits de douane et d’embargo.

La série en cours, mais le point d’orgue de cet affrontement commercial est sans conteste l’affaire Huawei, entreprise chinoise vécue comme un affront par Pékin. Pour bien comprendre la situation, un rappel s’impose : l’arrangement de Wassenaar, signé en 1996 par 33 pays dont les États-Unis, a introduit la notion de biens technologiques à double usage. Ce terme désigne un bien technologique utilisé à des fins civiles, mais dont l’usage peut être détourné à des fins militaires ou terroristes. Ils deviennent alors un enjeu national, c’est notamment le cas des puces électroniques. Concrètement, il faut bénéficier d’une autorisation américaine pour fabriquer des puces ou alors les acheter sur le territoire américain. Une situation qui mécontente fortement la Chine, laquelle cherche à s’affranchir de cette tutelle technologique américaine.

En se fondant sur l’arrangement de Wassenaar, l’administration Trump annonce le 15 mai 2019 placer Huawei sur la liste d’entités. La liste d’entités désigne un ensemble de sanctions prises par le département du Commerce des États-Unis à l’encontre d’entreprises, de personnes ou d’organisations étrangères. Par conséquent, Huawei est interdite de vendre des équipements de réseau aux États-Unis.

Comme il est interdit au groupe américain de commercer avec cette entreprise, dès lors, des mastodontes comme Google, Intel, Microsoft, Qualcomm ou Broadcom suspendent leur relation commerciale avec l’entreprise chinoise. L’élection de Joe Biden à la place de Trump en 2020 ne change pas la donne. En mars 2021, la Commission fédérale des communications, ou FCC, classe Huawei, ZTE, et d’autres entreprises technologiques sur une liste noire d’entreprises faisant peser un risque inacceptable pour la sécurité nationale américaine. Enfin, en novembre 2022, c’est le coup de grâce : la FCC interdit à plusieurs entreprises chinoises, dont Huawei et ZTE, de vendre leurs produits aux États-Unis. Le motif invoqué est que ces entreprises espionneraient pour le compte du Parti communiste chinois.

Quelles sont les conséquences sur les consommateurs chinois ou américains ? Selon l’Institut Montaigne, plusieurs industriels américains sont impactés par cette guerre froide économique, notamment les agriculteurs, comme les producteurs de soja, les petites entreprises qui dépendent des matières premières chinoises, et dans une moindre mesure, les consommateurs américains, car les entreprises américaines répercutent l’augmentation des droits de douane sur leur prix de vente finaux. Toujours selon l’Institut Montaigne, même l’Empire du Milieu subit les conséquences de cette guerre douanière, qui freine ses exportations, ses investissements manufacturiers et les ventes de détail. Néanmoins, les vendeurs chinois ont peu baissé leur prix et ont préféré perdre des parts du marché américain.

En 2021, le Rhodium Group et le Comité national des relations entre les États-Unis et la Chine, en se basant sur les données de l’année 2020, ont estimé que les investissements directs entre les deux pays atteignent 15,9 milliards de dollars, soit moins d’un quart des investissements de 2016 qui se chiffraient à 70 milliards de dollars. Les investissements américains en Chine atteignent 8,7 milliards de dollars, soit un tiers de moins entre 2019 et 2020, le plus bas niveau jamais atteint depuis 2004. Quant aux investissements chinois aux États-Unis, ils s’élèvent à 7,2 milliards de dollars. Toutefois, malgré des ventes importantes de part de dette américaine depuis le début de cette guerre commerciale, la Chine reste le deuxième créancier des États-Unis avec 967,8 milliards de dollars d’emprunt américain en août 2022.

Quel impact pour les autres pays et les entreprises ? La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine a fait des victimes collatérales, notamment le Canada depuis l’affaire Huawei qui a débouché, à la demande de Washington, sur l’arrestation en territoire canadien de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, avec pour mesure de rétorsion l’emprisonnement par Pékin de deux ressortissants canadiens. Conséquence : un net refroidissement des relations diplomatiques

un net refroidissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Canada s’est renforcé par des ingérences chinoises dans la vie politique canadienne. La vice-première ministre canadienne, Chrystia Freeland, a même souligné l’intérêt pour les démocraties de renforcer leur chaîne d’approvisionnement respective pour s’affranchir de l’influence des régimes autoritaires, principalement chinois et russes. Sous la pression américaine, le Canada a banni Huawei de son réseau 5G national, tout comme certains pays membres des Five Eyes, un accord sur le renseignement tel que le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande. En clair, choisissez votre camp sous peine que les États-Unis remettent en cause cet accord Five Eyes.

Dans les pays asiatiques, certaines entreprises délocalisent leur production de Chine vers l’Inde et le Vietnam, comme Foxconn, assembleur d’Apple en Chine. Les économies vietnamiennes et taïwanaises profitent grandement de cette guerre commerciale. Quant aux entreprises américaines présentes en Chine, plus de 40% d’entre elles ont ou envisagent prochainement de délocaliser leur production en Asie du Sud-Est et au Mexique. Outre les barrières douanières imposées aux entreprises américaines, les problèmes de transfert de technologie et la gestion calamiteuse du COVID-19 incitent ces sociétés à quitter la Chine.

Côté européen, cette guerre commerciale a été plutôt positive. L’Europe a augmenté ses ventes vers la Chine et les États-Unis dans une proportion presque équivalente à la chute des exportations américaines vers la Chine. Toutefois, si ce conflit commercial sino-américain s’inscrivait dans le temps, il pourrait handicaper l’économie européenne, car la dévaluation durable du yuan et du dollar ferait grimper l’euro, impactant donc négativement les exportations de produits européens déjà fortement touchées par la guerre en Ukraine et la forte inflation.

À l’instar du Canada, des pays commencent à reconsidérer leur approche diplomatique vis-à-vis de Pékin. Le statu quo de Paris vis-à-vis de Pékin et de Taipei, la capitale de Taïwan, irrite la Chine. Les relations entre l’Union européenne et la Chine se refroidissent, notamment à cause de la question des droits de l’homme sur des sujets comme Hong Kong et les Ouïghours, mais également à cause du blocage des exportations chinoises vers l’Union européenne après l’ouverture d’un bureau de représentation de Taïwan à Vilnius, en Lituanie, ou encore du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne, qui devrait pénaliser les importations chinoises.

Cependant, la Chine dépend beaucoup des agriculteurs américains et européens pour nourrir sa population de 1,4 milliard d’individus. Elle ne peut donc pas entrer en conflit ouvert, enfin, du moins pas pour l’instant.

Mais bien qu’affaiblie par cette guerre commerciale et la crise du COVID-19, la Chine dispose encore de solides atouts pour ne pas trop dépendre des États-Unis ou de l’Union européenne. Parmi eux, une demande intérieure forte, d’autant plus avec l’allègement des mesures sanitaires liées au COVID-19, la Route de la Soie, véritable boulevard commercial pour écouler des produits Made in China, et le partenariat Chine-Afrique. Le yuan est de plus en plus utilisé dans les échanges commerciaux ou comme monnaie de réserve. Enfin, en septembre 2020, l’OMC a dénoncé comme contraires au droit du commerce international les droits de douane mis en place par les États-Unis contre la Chine.

Ce qui constitue sans doute l’atout numéro un de la Chine reste sa dépendance des autres pays aux terres rares. Il s’agit de 17 minéraux stratégiques utilisés pour la fabrication d’objets de haute technologie, tels que les smartphones, les batteries de voitures électriques et les panneaux photovoltaïques. La Chine jouit d’un quasi-monopole pour la production mondiale de terres rares, étant le premier producteur mondial et en raffinant 90% de la production.

Cette situation n’échappe pas aux États-Unis, qui relancent leur production de terres rares afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, menacée d’embargo. La seule mine de terres rares a rouvert à Manchester en 2018, produisant des ressources vitales pour la technologie militaire américaine, notamment pour fabriquer des radars. La société américaine USA a récemment annoncé investir dans Search Minerals, une entreprise minière canadienne, afin d’exploiter conjointement une future mine à Terre-Neuve, au Canada. Grâce à ces investissements, les États-Unis devraient produire 16% des terres rares mondiales et réduire leur dépendance chinoise, sur laquelle repose en grande partie la production d’équipements électroniques américains. Toutefois, contrairement à la Chine, les États-Unis ne disposent pas encore d’infrastructure nécessaire à la purification des terres rares.

La forte consommation chinoise rime avec envolée du prix des matières premières. À titre d’exemple, en 2020, la Chine a consommé la moitié du cuivre mondial et accru ses importations de 34%. L’ogre chinois multiplie donc les sources d’approvisionnement et les accords commerciaux avec des fournisseurs étrangers : charbon australien, nickel néo-calédonien et gaz naturel liquéfié avec le Qatar. Un contrat à long terme lie les Émirats arabes unis et la Chine pendant 27 ans, représentant un achat de 4 millions de tonnes de GNL, un accord problématique pour l’Europe, qui connaît déjà des problèmes d’approvisionnement en GNL à cause de la guerre en Ukraine.

Avec cet accord, les Émirats arabes unis enverront donc l’essentiel de leur production en Chine, au détriment de l’Europe. Les relations commerciales tendues entre la Chine et les États-Unis impactent le marché des matières premières, créant une situation délicate pour l’Union européenne qui dépend beaucoup de la Chine pour se fournir en certains matériaux comme le cobalt et le lithium. En 2020, soit avant le conflit ukrainien, l’Union européenne avait déjà un taux de dépendance énergétique moyen de 57,5% vis-à-vis des pays hors Union européenne. Impactée par le conflit entre l’Ukraine et la Russie, l’Union européenne prévoit de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles russes d’ici à 2027 et d’augmenter ses capacités dans les énergies renouvelables, notamment avec un plan d’action spécifique. Ce plan prévoit notamment de doubler sa capacité en énergie solaire dans les prochaines années.

L’Union européenne a également signé un accord avec les États-Unis en mars 2022, qui lui fourniront 15 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz naturel liquéfié afin de réduire les importations de gaz russe. Les exportations de pétrole brut des États-Unis vers l’Europe ont progressé de 52% sur les 9 premiers mois de 2022, et les exportations de gaz naturel liquéfié ont flambé de 171%. L’Europe dépend aussi à 60% de l’exploitation des terres rares chinoises et s’intéresse de plus en plus aux énergies éoliennes et aux batteries pour véhicules électriques. Non seulement la Chine fournit au monde les métaux nécessaires à la transition énergétique, mais elle raffine également 80% de l’offre mondiale des métaux présents dans les batteries pour véhicules électriques, dont l’Europe est de plus en plus friande.

En clair, l’Europe est contrainte de jouer à l’équilibriste dans ses relations avec les États-Unis et la Chine afin de ne froisser aucune des deux superpuissances dont elle dépend fortement. Mais on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même : la prospection de terres rares sur le territoire de l’Union européenne est plus que jamais d’actualité, avec notamment la découverte d’un gisement géant à Kiruna, en Suède, contenant plus d’un million de tonnes d’oxyde de terres rares. L’Union européenne pourrait ainsi gagner son indépendance vis-à-vis de la Chine, bien que l’exploitation de Kiruna ne puisse pas démarrer avant 10 ans au minimum.

Et si cette guerre commerciale opposant les États-Unis et la Chine n’était qu’une mise en bouche, avec un plat de résistance très épicé : les violations des droits de l’homme, la politique agressive de la Chine en mer de Chine méridionale, les conflits frontaliers en Himalaya inquiètent déjà les États-Unis.

Il existe également des tensions à propos du conflit ukrainien. Lors de la dernière conférence annuelle de Munich sur la sécurité, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a mis en garde son homologue chinois contre les conséquences d’un soutien matériel et militaire de la Chine à la Russie, ou d’une aide à la Russie pour contourner les sanctions économiques mises en place par les alliés de l’Ukraine. À Munich, la Chine a réitéré sa volonté de mettre fin au conflit ukrainien, mais en janvier, Pékin est sorti de sa neutralité vis-à-vis du conflit ukrainien et a accusé Washington d’être à l’origine de la crise en Ukraine en raison de sa livraison d’armes lourdes à Kiev. Pékin évoque désormais un partenariat avec Moscou.

La Chine semble de plus en plus audacieuse face aux tensions avec les États-Unis, allant même jusqu’à envoyer un ballon espion pour observer des infrastructures sur le sol américain. Les États-Unis n’ont pas hésité et ont abattu ce ballon espion, malgré les protestations de Pékin, qui jure ne pas être responsable. Washington n’est évidemment pas dupe.

Mais c’est le conflit latent autour de l’île de Taïwan qui reste le plus susceptible d’enflammer la situation entre ces deux superpuissances. Si la politique d’une seule Chine est admise par tous les États membres de l’ONU, cela n’empêche pas les États-Unis d’entretenir de bonnes relations avec Taïwan et d’exercer leur protectorat sur cette île, provoquant l’ire de Pékin, particulièrement depuis que Xi Jinping préside aux destinées chinoises et souhaite rattacher Taïwan à la Chine le plus vite possible. La Chine modernise donc son armée et se prépare à une éventuelle invasion de l’île, incitant Taïwan à renforcer sa défense.

Tout n’est donc pas rose dans le détroit de Formose, au point que plusieurs experts militaires redoutent un conflit armé imminent entre la Chine et les États-Unis. Joe Biden a prévenu qu’en cas de tentative d’annexion de Taïwan par la Chine, les États-Unis défendraient l’île. Ce conflit militaire pourrait avoir des conséquences encore plus désastreuses qu’on l’imagine sur l’économie mondiale.

Car savez-vous où l’on fabrique la plupart des puces et des semi-conducteurs, et des matériaux isolants essentiels à la fabrication de composants électroniques ? À Taïwan, notamment chez son champion local TSMC. Ces éléments sont présents dans nos téléphones, nos machines à laver ou encore nos automobiles, et ils sont également vitaux pour assurer une supériorité militaire. Par conséquent, si la production et l’approvisionnement en semi-conducteurs étaient perturbés, des pans entiers de l’économie mondiale seraient fortement affectés.

Une raison essentielle pour les États-Unis de défendre Taïwan est un motif pour la Chine de réintégrer l’île dans son territoire et ainsi prendre le contrôle de ses usines de semi-conducteurs. Cette crainte a poussé de grands hedge funds américains à vendre leurs actions TSMC. Après Berkshire Hathaway, géré par Warren Buffett, c’est plus récemment le fonds d’Al Gore qui s’est débarrassé des actions de TSMC en raison des craintes d’une attaque chinoise contre Taïwan.

Par conséquent, Washington accélère son indépendance technologique en produisant davantage de semi-conducteurs sur le territoire américain, dont la production représente actuellement 12% de la production mondiale. Une volonté matérialisée par un plan d’investissement de 52 milliards de dollars, les « CHIPS Act », et un crédit d’impôts de 24 milliards de dollars au bénéfice des usines de fabrication américaines, à condition que ces entreprises n’investissent pas en Chine. L’objectif est de doubler la production de semi-conducteurs aux États-Unis d’ici 2030. Enfin, Joe Biden a déclaré illégale l’exportation vers la Chine de certaines technologies et de deux matériaux de base, le diamant et les oxydes de gallium, nécessaires à la fabrication de semi-conducteurs.

Raison supplémentaire pour la Chine de vouloir s’approprier Taïwan: l’Empire du Milieu représente 25% de la consommation mondiale de semi-conducteurs. Pékin a également investi 136 milliards d’euros dans un programme de soutien national au secteur des semi-conducteurs afin de contrer les restrictions des exportations imposées par les États-Unis en octobre 2022 et l’ajout de 28 entreprises chinoises à la liste noire. Le plan « Made in China 2025 » traduit la volonté de Pékin de devenir autosuffisante dans 10 secteurs stratégiques, notamment pour fabriquer sur le sol chinois 70% des semi-conducteurs dont le pays a besoin d’ici 2025, et ainsi ne plus dépendre des États-Unis pour la fabrication de composants électroniques.

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