Depuis quelques années, le Bénin mène une politique économique volontariste marquée par une modernisation de son appareil productif et une intensification des investissements publics. Si ces réformes ont permis d’améliorer certains indicateurs macroéconomiques, elles ont également entraîné une hausse significative de l’endettement du pays. Dans ce contexte, le Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres institutions financières internationales suivent de près l’évolution des finances publiques béninoises. Le défi pour le gouvernement est donc de maintenir un équilibre entre financement du développement et soutenabilité de la dette.
Selon les données de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette (CAGD), au 31 décembre 2024, l’encours de la dette publique du Bénin s’élève à 6.960,3 milliards de FCFA, soit 53,7 % du PIB. Ce ratio reste en deçà du seuil de 70 % fixé par l’UEMOA, mais il traduit une progression notable au fil des années.
La structure de la dette met en évidence une dépendance accrue aux financements extérieurs, qui représentent 72,6 % du portefeuille contre 27,4 % pour la dette intérieure. En d’autres termes, le Bénin s’appuie de plus en plus sur des prêts contractés auprès de créanciers non-résidents, ce qui renforce son exposition aux fluctuations des taux de change et aux conditions des marchés financiers internationaux.
En parallèle, le pays a accru ses levées de fonds sur le marché financier régional, mobilisant 169,2 milliards de FCFA en 2024 via l’émission de titres publics. Ces opérations s’inscrivent dans une stratégie visant à diversifier les sources de financement et à limiter la dépendance aux emprunts internationaux coûteux.
Le FMI, partenaire financier mais aussi gardien de l’orthodoxie budgétaire
Face à cette dynamique d’endettement, les institutions financières internationales, et en particulier le FMI, scrutent de près l’évolution de la situation budgétaire du pays. En octobre 2024, les services du FMI et le Bénin ont conclu un accord sur la cinquième revue du programme au titre du Mécanisme Élargi de Crédit (MEDC) et de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).
Ce partenariat s’est traduit par un décaissement de 42 millions de dollars US dans le cadre des arrangements FEC et MEDC, ainsi que 53 millions de dollars pour la FRD. Ces financements sont conditionnés à la mise en œuvre de réformes économiques garantissant une gestion prudente des finances publiques.
De son côté, la Banque mondiale a validé en octobre 2024 une garantie basée sur les politiques (PBG) de 200 millions d’euros. Cet appui vise à faciliter l’accès du Bénin aux marchés financiers internationaux à des conditions plus avantageuses, tout en renforçant la confiance des investisseurs.
Les entreprises publiques, un facteur clé du poids de la dette
Si l’endettement de l’État central est sous contrôle, celui des entreprises publiques représente un défi. À fin 2024, l’encours de la dette bancaire des entreprises publiques s’établit à 296 milliards de FCFA.
Certaines entreprises ont largement recours aux crédits bancaires pour financer leurs projets d’investissement. La Société des Infrastructures Routières et de l’Aménagement du Territoire (SIRAT S.A) se distingue particulièrement avec un cumul de 724,57 milliards de FCFA de dettes entre 2018 et 2024. Ce niveau d’endettement la place en tête des emprunteurs parmi les entreprises publiques, devant le Port Autonome de Cotonou (PAC) et la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB).
La particularité de ces dettes est qu’elles ne sont pas garanties par l’État, ce qui réduit leur impact direct sur les finances publiques. Toutefois, leur accumulation pose la question de la capacité des entreprises concernées à honorer leurs engagements et du risque potentiel de recapitalisation par l’État en cas de difficultés financières.
Conscient des enjeux liés à l’évolution de la dette publique, le gouvernement béninois a adopté en décembre 2024 une Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme (SDMT) pour la période 2025-2029. Ce document fixe des principes directeurs pour limiter le recours excessif aux emprunts coûteux et privilégier des financements à long terme à des taux d’intérêt compétitifs. Parmi les axes prioritaires, on peut noter la réduction progressive du poids des financements bancaires à court terme, l’optimisation des emprunts sur le marché financier régional via l’émission de titres publics et l’encadrement strict de la dette des entreprises publiques pour éviter des dérapages budgétaires.
L’objectif est clair pour le gouvernement: maintenir un niveau d’endettement soutenable tout en garantissant la poursuite des investissements structurants. Car si l’endettement croissant suscite l’attention des partenaires financiers internationaux, il reste jusqu’à présent maîtrisé et orchestré dans un cadre stratégique.