Quelle utilité pour la réécriture de certains aspects de l’histoire de notre pays : cas des révoltes des années 1900 à Sakété et de l’envoi en exil du Roi Adélou Biodjo

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Lorsque les responsables du parti politique ‘’Union progressiste (UP)’’ ont décidé de tenir un colloque en marge des 61 ans d’accès à la souveraineté internationale de notre pays, certains compatriotes se sont bien demandés quelle pouvait en être l’utilité. A quoi sert-il de continuer à regarder dans le rétroviseur avaient même ironisé certains. Mais le Président Bruno Amoussou qui en a entendu plus que ça avec sa grande expérience professionnelle et politique a, avec ses militants choisi de maintenir le cap, « 61 ans d’indépendance : Quelle Afrique ? » : quatre jours pour en discuter, du 28 au 31juillet 2021.
Pour lui, « Le monde d’aujourd’hui est la continuation de celui d’hier, surtout pour les pays dominés et fragiles comme le nôtre. Se priver de connaitre les fils qui ont servi à tisser l’ancienne corde, c’est choisir la stratégie du piétinement, de la régression et de l’échec ». De toutes les façons, nul ne peut se mettre à l’abri de l’information car « c’est sur le manque d’information qui est la source d’ignorance, que prospèrent les retours en arrières suivis des recommencements » (Bruno Amoussou, 2021). Moment ne pouvait pas être plus propice pour ce devoir d’introspection et de prospection si indispensable à la poursuite de la construction de notre pays.
Rétroviseur oui : il a fallu que nos pères subissent toutes les humiliations et se battent avec détermination pour que nous profitons aujourd’hui de la souveraineté internationale pour parler au nom du Bénin. La lutte anti coloniale a connu pour ce faire plusieurs facettes. On le sait, la collaboration entre les autochtones ‘’indigènes’’ et l’administrateur colonial n’a pas été des plus tendres. Saurons-nous jamais ce qui s’est réellement passé depuis la conquête coloniale jusqu’à la souveraineté internationale. Pourrions-nous lire un jour la véritable histoire de ce temps passé ? Beaucoup de pays ont bien envie de le savoir.
Ainsi, lorsque le professeur Iba Der Thiam a initié en 2013, le « Projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours », il a bénéficié des soutiens qu’il fallait puisque le projet a été immédiatement reconnu comme un projet novateur d’intérêt national (Sénégal, 2013). L’histoire du Sénégal vue par les sénégalais devait à terme selon les concepteurs, aider la communauté internationale à mieux connaître et respecter le Sénégal. Le projet a ambitionné d’écrire « un récit authentique », distancié « des archives laissées par les colonisateurs français ».
Pour le président Macky Sall, « Il y a une impérieuse nécessité de décoloniser notre Histoire en la maîtrisant et en reconstituant par nous-mêmes et pour nous-mêmes le récit authentique de notre passé ». L’une des « finalités essentielles » pour lui étant de servir de base à une refonte des programmes scolaires. Selon le président du Sénégal : « Au lieu de nous apprendre les Charlemagne et autres, ça sera l’occasion de faire connaître cette histoire dans les écoles primaires, les collèges et les universités. Ne l’oublions pas, l’esclavage et la colonisation ont eu comme soubassement la négation de l’Histoire, de l’âme et de la raison du peuple noir.» (Histoire générale du Sénégal, 2019).
Il est rapporté par exemple que « Lorsqu’elle aborde la révolte de février 1905 à Sakété, la presse française de l’époque coloniale ne fait écho que de deux victimes, les leurs ; l’administrateur Caït et le douanier Cadeau (Tour du monde 1911). Ce qui n’est pas la position de Vidégla et Félix Iroko (1984) à travers leur article : « Nouveau regard sur la révolte de Sakété en 1905 avec de nombreuses victimes du côté des autochtones. En effet les populations fatiguées de subir les humiliations et autres maltraitances n’hésitaient pas à déclencher des révoltes qui étaient toujours réprimées dans le sang par l’administration coloniale.