Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire: ces candidatures qui cachent un autre calcul politique

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire: ces candidatures qui cachent un autre calcul politique

Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire: ces candidatures qui cachent un autre calcul politique
A l’analyse des récents mouvements sur l’échiquer politique ivoirien, on peut noter qu’en réalité, peu de ces prétendants nourrissent de réelles illusions sur leurs chances de remporter le scrutin présidentiel de 2025. Le contexte politique actuel, marqué par l’hégémonie du RHDP et la marginalisation des principales figures de l’opposition, laisse présager une élection verrouillée. Le président Alassane Ouattara qui a confirmé sa candidature, bénéficie d’un appareil d’État bien rodé et d’un parti solidement implanté. En face, les opposants historiques – Laurent Gbagbo, désormais affaibli politiquement, et feu Henri Konan Bédié, dont l’héritage reste revendiqué mais difficilement incarné – n’offrent plus de perspectives dynamiques. Dans ce paysage verrouillé, 2025 apparaît moins comme un tournant électoral que comme une étape transitoire.
C’est précisément cette perspective qui pousse plusieurs figures politiques, comme Awa Don Melo, à se lancer dès aujourd’hui. Leur ambition ne vise pas directement 2025, mais s’inscrit dans une logique de placement pour 2030, date à laquelle les « trois grands » de la scène politique ivoirienne auront, sauf surprise, quitté le devant de la scène. L’émergence de nouveaux leaderships dépendra alors de la visibilité, de l’ancrage et de la constance dans le débat public. C’est ce qu’ont bien compris ceux qui prennent aujourd’hui la parole, même s’ils ne sont pas encore prêts à gouverner.
Cette stratégie de positionnement touche aussi bien les partis que les figures indépendantes. Au sein du RHDP, la succession de Ouattara est ouverte, malgré les déclarations de fidélité de figures comme Adama Bictogo. Au PDCI, l’après-Bédié reste incertain, tandis que les ambitions s’aiguisent. Dans ce contexte, les anciens lieutenants, les déçus du système, ou les jeunes loups aux dents longues essaient d’installer leur nom dans le paysage. Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, chacun dans une posture de rupture, cherchent aussi à exister en dehors de l’ombre des « pères fondateurs ». Mais le prix à payer est lourd et rime souvent avec marginalisation, critiques et parfois exil. Mais l’enjeu est de taille.
Cette dynamique met toutefois en évidence une faille profonde dans le fonctionnement de la démocratie ivoirienne. Celle de l’incapacité chronique à renouveler sa classe politique. Depuis près de trois décennies, le pouvoir oscille entre les mêmes figures, les mêmes discours, les mêmes rivalités. Les nouvelles candidatures sont autant d’appels à sortir de cette logique clanique, où exister en politique semble indissociable d’une filiation idéologique ou personnelle avec les leaders historiques.