Pourquoi Donald Trump a-t-il gelé 2,2 milliards de dollars destinés à l’université d’Harvard ?

Donald Trump @AFP
Tout part d’une lettre adressée par le cabinet d’avocats représentant Harvard à trois hauts responsables de l’administration Trump. Dans cette missive, l’université rejette catégoriquement les demandes de Washington, parmi lesquelles la fermeture immédiate des programmes de diversité, équité et inclusion (DEI), la transmission de toutes les données d’admission et de recrutement au gouvernement, ainsi qu’un audit complet des opinions exprimées par les étudiants et le personnel enseignant.
Alan Garber, président de Harvard, a réaffirmé dans une déclaration publique l’indépendance de l’université :
« Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne devrait dicter ce que les universités peuvent enseigner, qui elles peuvent admettre ou embaucher, ni quels domaines de recherche elles doivent poursuivre. »
L’antisémitisme : un motif officiel, mais controversé
L’administration Trump justifie sa décision en invoquant la montée de l’antisémitisme sur les campus. À l’automne 2023, Harvard a été le théâtre de manifestations pro-palestiniennes après les événements du 7 octobre, certaines ayant donné lieu à des propos ou actes jugés antisémites. Ces dérives ont suscité des plaintes d’étudiants et ont conduit en janvier 2024 à la démission de la présidente Claudine Gay, accusée de minimiser les incidents.
Malgré les mesures prises par l’université depuis pour renforcer ses dispositifs de prévention contre les discriminations, le gouvernement juge les réponses insuffisantes. Le gel des fonds s’inscrit dans le cadre de l’action d’une task force fédérale de lutte contre l’antisémitisme.
Au-delà de la lutte contre l’antisémitisme, plusieurs observateurs estiment que ce bras de fer cache une offensive politique contre les bastions du progressisme universitaire. Harvard, comme d’autres institutions de la côte Est, incarne aux yeux de Donald Trump et de ses partisans la « culture woke » qu’ils dénoncent avec vigueur.