Niger : vers une inévitable normalisation du coup d’Etat du général Tchiani

Général Omar Tchiani en poste à la présidence du Niger depuis plus de 10 ans
Ancien ministre de l’Economie et des Finances de l’ancien président, Mamadou Tandja, l’économiste et ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement, Ali Lamine Zeine, a été nommé, lundi, 7 août, premier ministre chef du gouvernement de transition. A charge pour lui de remettre le Niger au travail en proposant, rapidement, une liste de ministres qui répondent aux attentes de l’heure.
La CEDEAO avec son président en exercice, le va-t-en guerre, Bola Tinubu, s’étant fourvoyée en ayant tout faux, elle va faire appel à l’Union africaine et aux Nations-Unies, pour faire bloc autour d’elle, lors du Sommet qu’elle convoque à Abuja, jeudi, 10 août. Mais, comme on dit chez les Bantu, le chien aboie la caravane passe. Il faut, désormais, avancer et entreprendre des négociations pour un retour à la vie civile avec le pouvoir de transition qui se met en place. Et cesser de parler d’un retour de Bazoum à son poste, comme si cela était encore possible (sur notre photo le nouveau premier ministre de la junte, Ali Lamine Zeine, un civil bon teint).
Après être allé trop loin comme s’il s’agissait de la gestion de ses nombreuses sociétés où il décide seul, selon son bon vouloir, Bola Tinubu est obligé de faire profil bas et de favoriser les négociations avec le CNSP. Car pour prospérer et gagner encore d’autres milliards, ses nombreuses sociétés au Nigeria n’ont pas besoin de la guerre qu’il veut imposer dans la sous-région. Il y va, donc, de son propre intérêt (à lui).
Parmi les trois chefs d’Etat francophones qui sont accusés d’être actionnés par Emmanuel Macron pour oeuvrer à la réinstallation (par tous les moyens) du « président de l’étranger », Mohamed Bazoum (c’est ainsi qu’on l’appelle déjà à Niamey), Macky Sall et Patrice Talon sont devenus étrangement muets tandis que leur homologue, Alassane Ouattara, a baissé d’un cran, sa volonté jusqu’au boutiste d’intervenir militairement au Niger.
Si son option préférée s’avère hasardeuse et désastreuse pour la paix dans la sous-région (la Libye détruite par la France, les Etats-Unis et l’OTAN est là pour nous le montrer), au sein même de la CEDEAO, l’option diplomatique est partagée par la majorité des pays membres. D’autre part, ce que le président, Ouattara, ne dit pas, c’est que dans les casernes en Côte d’Ivoire, on n’est pas très favorable à son idée d’intervention au nom de son alignement sur la France. Les nombreux Nigériens, qui font partie de l’armée de Côte d’Ivoire, par exemple, refusent d’être enrôlés dans une guerre où ils sont appelés à tuer d’autres Nigériens (comme eux). Voilà le dilemme que vit, actuellement, Alassane Ouattara. Mais, se croyant toujours plus malin que les autres, il cache ce problème qui le ronge nuit et jour.

Bola Tinubu est lui-même pris à son propre piège. Alors qu’il les recevait, dimanche, 6 août, à Aso Rock (résidence présidentielle), les gouverneurs des Etats frontaliers du Niger (Jigawa, Katsina, Kebbi, Sokoto et Yobé) lui ont fait part des conséquences négatives de l’intervention militaire et ont prôné la voie du dialogue et de la diplomatie. Comme l’ont déjà fait le Sénat et l’opposition politique. Il a pris acte.
