« Les religieuses ne sont pas les épouses ni les maîtresses des prêtres »

Kinse Shako Annastasia
Pourtant, trop souvent, derrière les vitraux et les autels de marbre poli, nous sommes traitées comme inférieures. Un prêtre m’a un jour dit sans honte : « Les sœurs sont faites pour être les épouses des prêtres. » Ce n’était pas une plaisanterie. Il le pensait vraiment. Et il a agi en conséquence.
Ce n’est pas un cas isolé. Trop de sœurs connaissent la douleur d’être réduites à une tentation plutôt que respectées comme collaboratrices dans la vigne du Christ. Trop savent ce que sont les blessures silencieuses de la manipulation : quand un clerc utilise la « direction spirituelle » comme couverture pour des avances, ou quand des bienfaiteurs financiers attendent qu’on marchande notre dignité en échange de leur soutien.
Mais cela ne s’arrête pas là. Les abus ne viennent pas seulement de l’extérieur. Au sein même de nos congrégations, certaines supérieures manient l’autorité comme une arme. Des sœurs sont réduites au silence, maltraitées et laissées vulnérables face aux prédateurs. D’autres, au lieu de guider avec intégrité, flirtent avec le pouvoir et les positions tandis que les restantes sont écrasées sous une obéissance sans justice. Nous voyons cela, et nous restons silencieuses.
Et je tiens à être claire : aux sœurs qui abandonnent leurs vœux pour la promiscuité – que ce soit pour obtenir des faveurs, des avantages matériels ou du plaisir – vous aussi, vous blessez le Corps du Christ. Vous affaiblissez le témoignage prophétique de la vie consacrée et trahissez la dignité même que nous exigeons du monde. C’est une trahison de l’intérieur, et elle offre aux ennemis de la vérité encore plus de raisons de mépriser notre vocation.
Le scandale n’est pas seulement dans le péché lui-même, mais dans le silence qui le protège. Une Église qui prêche la pureté tout en tolérant la profanation de ses femmes consacrées est une Église qui se moque de son propre Évangile.
J’écris cela non par haine de l’Église, mais parce que j’aime trop mon Église pour rester silencieuse. Un tel silence n’a jamais protégé les innocents ; il ne fait que nourrir les loups.