L’AES, une chance pour la CEDEAO

Le général Abdourahamane Tiani du Niger (centre), le colonel Assimi Goïta du Mali (à gauche) et le capitaine Ibrahim Traoré (à droite) du Burkina Faso au 1er sommet des dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le 6 juillet 2024
La signature de l’acte constitutif de la Confédération des États du Sahel (AES), le 6 juillet 2024, à Niamey laisse présager un tournant décisif au sein de la CEDEAO qui jusqu’ici a connu des hauts et des bas. Les récriminations faites à l’endroit de l’institution sous-régionale ont atteint leur point culminant avec le retour des militaires au pouvoir en Afrique de l’ouest suite à des coups d’Etat suivis de sanctions de la CEDEAO, soixante ans après les indépendances et trente ans de renouveau démocratique en dent de scie.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est l’annonce par la CEDEAO de la mise en place d’une force de réserve pour déloger la junte qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023 au Niger, avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, en renversant le président Mohamed Bazoum. Le Mali et le Burkina ayant à leur tête des militaires venus au pouvoir dans les mêmes conditions et qui étaient sous la pression de la CEDEAO ont ensemble avec le Niger signé en septembre 2023 la charte d’entraide militaire dite du Liptako Gourma. Un acte de non-agression contre leurs pays qui va déboucher en la constitution d’une confédération suite à leur annonce conjointe du départ de la CEDEAO, fin janvier 2024.
Avec la constitution de la confédération, le général Abdourahamane Tiani, le colonel Assimi Goïta et le capitaine Ibrahim Traoré respectivement dirigeant du Niger, du Mali, et du Burkina Faso se sont engagés à renforcer leur coopération dans plusieurs domaines. La présidence tournante de l’AES sera assurée durant un an par le président de la transition du Mali et chef d’Etat Assimi Goïta. A la suite du Niger qui a abrité les travaux, le Burkina accueille la première session parlementaire de la nouvelle institution.
Toutefois, si officiellement ce n’est pas décliné, l’AES reste un outil de coordination diplomatique. Ouagadougou et Niamey ont suivi Bamako dans son rapprochement avec Moscou, avec l’arrivée de mercenaires russes dans ces capitales.
Vers la fin de la CEDEAO ?
Dans un contexte sociopolitique et géopolitique tumultueux comme celui que connait actuellement l’Afrique de l’Ouest, le virage pris par ces trois pays du sahel Mali, Burkina et Niger, appelle à une remise en cause profonde de la CEDEAO, perçue jusqu’ici comme un «syndicat de chefs d’Etat», en opposition aux aspirations des populations.
Et pour cause, bon nombre de ses décisions en lien avec la gouvernance des Etats membres laissent à désirer et ses prises de positions jugées taillées à la tête du client.