« Je ne suis pas étonné, ni surpris de la fin de Bazoum »

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Je voudrais ici marquer ma désapprobation de tout processus qui met fin à la marche normale d’un pouvoir établi par un processus électoral et démocratique. Ainsi donc, je condamne avec la dernière vigueur ce coup d’État contre le président Bazoum. Pourtant, je n’appelle pas au rétablissement du président Bazoum dans sa fonction. Si la garde présidentielle en est venue à mettre fin à son pouvoir, c’est parce qu’il a jugé que dans l’intérêt supérieur du Niger, qu’il fallait passer par ce sacrifice.
Qu’est ce qu’un homme devant le destin d’un peuple ? Et qui mieux que la garde présidentielle ? Qui mieux que les forces de défense et de sécurité du Niger ? Ça vaut mieux que les citoyens nigériens, ce qui est bon pour leur pays à un moment de leur histoire. Je voudrais donc appeler les autres présidents de la CEDEAO à ouvrir leur esprit et à cesser les litanies sur les préceptes de la démocratie qu’ils n’appliquent pas, par ailleurs, chez eux pour certains.
Ceux qui connaissent le Niger doivent se souvenir que le président Hama Hamadou a été empêché d’être candidat afin que le citoyen Bazoum soit élu sans concurrent. Je ne suis pas étonné ni surpris de sa fin. Hélas, la situation de la transition au Mali, au Burkina, en Guinée et aujourd’hui au Niger, concerne plus le peuple de ces pays que les présidents des pays de la CEDEAO, qui ne sont pas aussi respectueux des règles de la démocratie qu’ils veulent donner aux autres. On a la vague impression que ces régimes militaires de transition ont plus le soutien de leurs peuples que certains présidents africains qui se muent en professeurs de la démocratie.
Je n’ai rien contre le président Tinubu du Nigeria, quoique mon candidat ait été Atiku à la dernière élection présidentielle nigérianne qui n’a pas encore connu son épilogue. En effet, le président Tinubu est encore devant le tribunal électoral qui doit valider ou invalider son élection pour de nouvelles élections présidentielles justes et équitables. Quand on est dans la position incertaine du mandat du président Tinubu, il y a des positions qu’on ne prend pas à l’international.
Au risque de me tromper, c’est la réunion du 18 juillet 2023 à Abuja, réunion à l’occasion de laquelle le président Tinubu a pratiquement menacé les régimes militaires et a parlé de la place de l’armée dans nos sociétés. Avec mépris, je dirai, si j’avais été militaire. Et Il faut que les régimes civils cessent de croire que nos armées sont faites de soldats, sac à dos seulement. L’armée dans nos pays est composée de hauts cadres bardés de diplômes universitaires. Il faut que les civils cessent d’infantiliser les militaires.
Oui, je voudrais le rappeler, le pouvoir est au bout du fusil. Il faut l’avoir à l’esprit. Je veux voir Bazoum dans sa nouvelle position, pouvoir chasser les militaires maliens Burkinabé et aujourd’hui Nigériens du pouvoir. En vérité, il faut que les présidents civils africains aient à l’esprit qu’ils sont au pouvoir parce que leurs forces de défense et de sécurité le leur permettent.