ECO: une nouvelle stratégie de Paris sous le masque de l’indépendance monétaire

Eco monnaie unique de la CEDEAO
L’ECO est censée remplacer le franc CFA dans les huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Bien que le changement de nom semble symbolique, les fondements de cette nouvelle monnaie risquent de perpétuer les mêmes relations de dépendance avec la France. Nicolas Agbohou affirme que, malgré des ajustements superficiels, « les liens avec l’euro et le rôle de la Banque de France continueront de limiter l’autonomie monétaire des pays ouest-africains. »
Les critiques s’intensifient alors que Ouattara pousse pour une adoption rapide de l’ECO avant 2027. Certains experts, comme l’économiste Demba Moussa Dembélé, rappellent que l’introduction précipitée de cette monnaie sans des réformes économiques profondes pourrait être catastrophique. Dembélé souligne que la politique monétaire de l’ECO, similaire à celle du franc CFA, privilégierait encore la lutte contre l’inflation au détriment du financement de la croissance économique et de l’emploi.
Nombreux sont ceux qui estiment que cette réforme ne représente qu’un changement de façade. L’économiste Kako Nubukpo, connu pour ses critiques acerbes du franc CFA, considère l’ECO comme un projet trompeur : « Il s’agit d’une simple continuité sous un autre nom. Les mécanismes restent largement dictés par Paris. » Si l’adoption de l’ECO répond à la pression des populations ouest-africaines désireuses d’indépendance monétaire, il est encore loin de garantir une réelle émancipation économique.
Remplacé ou changé ?
Initialement prévue pour être la monnaie de toute la cedeao, l’Eco est devenue finalement la nouvelle monnaie qui doit remplacer le franc CFA dans les pays de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Cette transition, officialisée en décembre 2019 par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, vise à symboliser une souveraineté monétaire retrouvée pour les États africains, tout en maintenant une parité fixe avec l’euro.

Le franc CFA, qui était perçu comme un vestige du colonialisme français, a été critiqué pour son lien historique avec la France, ce qui a motivé ce changement de nom et de structure monétaire. Seulement, ce changement de nom, bien que symbolique, ne modifie pas fondamentalement les structures économiques qui sous-tendent la relation entre les pays africains et la France.
Aussi, pour réussir l’intégration monétaire, les pays doivent respecter des critères stricts (inflation, déficit budgétaire), mais beaucoup d’États ne sont pas actuellement en mesure de les satisfaire. Des divergences économiques importantes existent entre les pays anglophones et francophones, compliquant davantage l’harmonisation nécessaire pour une monnaie unique.