« Divorce » AES-CEDEAO, l’exemption de visa est-elle la solution ?

Le général Abdourahamane Tiani du Niger (centre), le colonel Assimi Goïta du Mali (à gauche) et le capitaine Ibrahim Traoré (à droite) du Burkina Faso au 1er sommet des dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le 6 juillet 2024
Depuis leur décision de claquer la porte de la CEDEAO le 29 janvier 2024 au profit de l’AES, les lignes n’ont visiblement pas bougé entre le Mali, le Burkina Faso, le Niger et l’organisation régionale.
Selon les textes de la CEDEAO, la décision d’un départ ne prend effet qu’un an après sa notification.
À la veille de cette échéance, qui devra prendre effet à compter du 29 janvier 2025, les États de l’AES, rappelant que leur retrait de la CEDEAO est irréversible, annoncent : « La Confédération des États du Sahel (AES) est un espace sans visa pour tout ressortissant des États membres de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ».
Les trois pays de l’AES, dirigés par des juntes militaires, avaient motivé leur départ en accusant la CEDEAO de sanctions économiques et de menace d’intervention militaire au Niger, au lendemain du coup d’État du 26 juillet 2023.
L’exemption de visa, la solution ?
L’exemption de visa ou la libre circulation des véhicules et des ressortissants de la CEDEAO dans l’AES ne peut équivaloir les normes communautaires, même en cas de réciprocité.
Prenons l’exemple du Bénin, qui a instauré l’exemption de visa pour les ressortissants de 53 États africains. Ceux-ci peuvent entrer dans le pays et circuler librement pendant une période de trois mois, soit 90 jours. Passé ce délai, l’absence de renouvellement les place en situation d’illégalité, avec toutes les implications que cela comporte.
L’AES, qui regroupe 72 millions d’habitants, est en réalité fortement représentée dans les pays côtiers membres de la CEDEAO. Cette présence prend principalement la forme de migrations saisonnières ou de populations définitivement installées, la majorité exerçant dans le secteur informel.