Coup d’État au Niger : la faute de Mahamadou Issoufou

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Et pour cause : après s’être dissimulé derrière une supposée médiation, après avoir usé de la stratégie de l’évitement pendant plus de deux mois, ce dernier a fini par sortir du bois, tant la situation devenait intenable pour lui. Faut-il le rappeler, depuis l’irruption de son homme de main, Abdouramane Tiani, sur la scène politique nigérienne en prenant en otage le président démocratiquement et en s’autoproclamant président d’une hypothétique transition, l’ancien président s’est toujours gardé de condamner ouvertement ce général félon.
Mieux ou pire, c’est selon, l’on se souvient de ses réponses alambiquées, transpirant d’ambiguïtés à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Tel un dribbleur de la trempe de Ronaldo, Mahamadou Issoufou a continué de jouer à un jeu trouble au prétexte d’une pseudo-neutralité qu’exigeraient les négociations qu’il a souvent affirmé mener à l’ombre. À ceux qui s’étonnaient de son manque de réaction et qui pointaient sa proximité avec le chef de la junte, l’ex-chef de l’État opposait, curieusement, son amitié avec Mohamed Bazoum ; il brandissait une simple camaraderie militante, ce qui demeure léger au regard de la gravité de la situation, et comme si d’ailleurs son amitié avec son successeur était immunisée contre la trahison.
Seulement voilà : Mahamadou Issoufou a beau être un excellent comédien, il ne peut cacher indéfiniment sa rupture d’avec son camarade du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS). D’autant que l’ancien parti au pouvoir est aujourd’hui divisé entre les pro-Issoufou, partisans du maintien au pouvoir des putschistes (afin de préserver leurs intérêts colossaux dans le pétrole) et les soutiens inconditionnels de Mohamed Bazoum, l’ancien ministre des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou en premier lieu, qui militent pour la restauration de l’ordre constitutionnel par tous les moyens, y compris par la force. Aujourd’hui, malgré les apparences, entre Mahamadou Issoufou et son successeur la rupture est définitivement consommée. L’appât du gain et les ambitions du pouvoir de l’ex-président ont eu raison de leur camaraderie.