Côte d’Ivoire : « un dernier Mohican de la Françafrique », Venance Konan tacle Robert Bourgi
L’ancien directeur de Fraternité Matin, Venance Konan, dénonce l’impunité de Robert Bourgi, qu’il qualifie de « dernier Mohican de la Françafrique ». Dans une tribune, le journaliste ivoirien appelle la justice française à poursuivre l’avocat franco-libanais, qui s’est publiquement vanté d’avoir soutiré de l’argent à des présidents africains pour financer des campagnes électorales françaises.
Robert Bourgi
« Si la justice française ne méprisait pas autant les Africains, Bourgi et ses complices auraient déjà été jugés », accuse Konan, fustigeant une justice « à deux vitesses » : sévère avec Nicolas Sarkozy dans l’affaire du financement libyen, mais silencieuse face aux révélations de Bourgi.
Dans son livre Ils savent que je sais tout, ce dernier affirmait que Laurent Gbagbo avait financé Jacques Chirac à hauteur de trois millions d’euros, ou que Blaise Compaoré livrait des dollars « en petites coupures, cachés dans des djembés ». Des confessions qui n’ont jamais donné lieu à enquête.
Konan critique aussi les volte-face de Bourgi, passé de la satisfaction face à l’arrestation de Gbagbo à une posture de solidarité, uniquement pour s’opposer à Alassane Ouattara, lequel a refusé de lui accorder les privilèges jadis obtenus auprès d’Omar Bongo, Denis Sassou N’Guesso ou Blaise Compaoré.
Enfin, l’ex-patron de presse interpelle les médias africains, coupables selon lui de complaisance : « Certains journalistes qui se proclament panafricanistes continuent de tendre leurs micros à un homme qui a contribué à piller les ressources africaines », déplore-t-il.
Pour Konan, offrir une tribune à Bourgi revient à lui permettre de « régler ses comptes » et de donner des « leçons de morale fétides » après avoir participé à maintenir l’Afrique dans la dépendance.