Bénin: depuis son exil Léhady Soglo rend hommage à sa mère, Rosine Soglo
Dans un long texte publié, l’ancien maire de la ville de Cotonou Léhady Soglo, a rendu hommage à sa mère Rosine Soglo qui a été inhumé le samedi 11 septembre 2021. « Il m’est difficile de m’exprimer en ce jour si sombre. Cependant, je tiens à vous remercier pour votre présence et votre soutien », a indiqué le fils de l’ancien président Nicéphore Soglo.
C’est à travers un texte plein de sensation de Léhady Soglo a tenu à rendre hommage à sa mère Rosine Soglo, décédée le 25 juillet. « Le lien qui m’unissait à maman était très fusionnel. Elle m’a tout donné, l’amour, la sécurité, l’attention, la présence. Elle m’a appris à regarder vers l’avant, à croire, à me battre, et aujourd’hui encore, je sens m’étreindre son souffle puissant. J’ai appris et j’ai aimé partager l’amour et l’abnégation de cette Femme devenue personnage public, mère d’une nation », a indiqué le fils Soglo dans son texte.
Notons que la cérémonie d’inhumation de Rosine Soglo a eu lieu samedi 11 septembre 2021 dans l’intimité familiale et le corps a pris la route vers le Ghana où il sera incinéré conformément à la volonté de la défunte.
Intégralité du texte
Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux.
Chers familles, chers amis, mesdames, messieurs,
Il m’est difficile de m’exprimer en ce jour si sombre. Cependant, je tiens à vous remercier pour votre présence et votre soutien.
Le lien qui m’unissait à maman était très fusionnel. Elle m’a tout donné, l’amour, la sécurité, l’attention, la présence. Elle m’a appris à regarder vers l’avant, à croire, à me battre, et aujourd’hui encore, je sens m’étreindre son souffle puissant. J’ai appris et j’ai aimé partagé l’amour et l’abnégation de cette Femme devenue personnage public, mère d’une nation.
Ma très chère Maman, le respect des principes de la démocratie, la préservation des libertés fondamentales, l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, toutes ces valeurs qui ont nourri ton engagement politique et social, sont aujourd’hui mises à mal. C’est pour cela que je n’ai pas pu te voir au cours des 4 dernières années, exilé que je suis. C’est pour cela encore que je ne suis pas à tes côtés au moment où tu vas effectuer ton dernier voyage. Quelle tristesse, quelle douleur que de ne pas être là pour t’accompagner dans ta dernière demeure !
J’ai perdu et, je le sais, tout un peuple a perdu avec moi une mère. Une mère sincèrement et viscéralement animée par la recherche de ce qu’il y a de meilleur, de simplement nécessaire pour ses enfants. Elle ne cherchait jamais à protéger son image ou à la promouvoir. Assumant tous les risques, allant à l’essentiel avec courage, pour revendiquer ce qui doit être et pour dire la vérité. Quelle foi il faut pour oser la dire, et parfois dans les heures les plus inquiétantes, pour oser la penser !
Quand le peuple se sent épié et manipulé, quand tout contribue à ôter à chacun sa dignité et son autonomie, comme nous avons besoin de ta voix qui jamais, ne faiblissait ! Malgré le poids des ans, malgré les vexations, malgré la cécité qui te faisait penser que tu n’étais plus indispensable, Maman, la vérité de ton combat politique et du bon sens hurlait encore plus ta légitimité. Tu disais tout avec droiture, directement : tes mots se gravant dans le marbre tant ils étaient incisifs et faisaient écho, dans nos langues, aux paroles vivantes des ancêtres que tu as désormais rejoins. Ton héritage te survivra !