Bases militaires américaines en Côte d’Ivoire : une stratégie aux implications sécuritaires pour le Sahel

Africom
Issa Cissé, historien-chercheur spécialisé dans les dynamiques sécuritaires du Sahel, met en avant les limites des interventions militaires étrangères en Afrique de l’Ouest. Selon lui, l’expérience nigérienne illustre bien le paradoxe de ces déploiements.
« Les bases américaines au Niger avaient pour objectif affiché de renforcer la lutte contre le terrorisme et de stabiliser la région. Pourtant, loin d’inverser la tendance, l’insécurité a persisté et s’est même aggravée dans certaines zones. Aujourd’hui, on observe une réplique du même schéma en Côte d’Ivoire. Il est légitime de se demander si cette présence militaire vise réellement à assurer la sécurité régionale ou si elle répond avant tout à des intérêts géopolitiques américains. »
Malgré des investissements conséquents en matière de défense, les États-Unis n’ont pas réussi à freiner l’extension des groupes terroristes dans le Sahel. Le Niger, qui hébergeait une importante base de drones américains, a vu la situation sécuritaire se dégrader jusqu’à la remise en question de cette coopération militaire à la suite du changement de régime.
Un repositionnement stratégique en Afrique de l’Ouest
Le déplacement des forces américaines vers la Côte d’Ivoire et la Mauritanie traduit une volonté de Washington de conserver son influence militaire dans la région sous une autre forme. Pour Issa Cissé, ce redéploiement ne se limite pas à un simple partenariat sécuritaire :
« Les États-Unis cherchent avant tout à assurer une surveillance continue de l’Afrique de l’Ouest, notamment face à l’émergence de nouvelles alliances avec la Russie et d’autres puissances. Ce repositionnement stratégique ne garantit pas pour autant une amélioration des conditions sécuritaires pour les populations locales. »
Cette analyse est partagée par plusieurs observateurs qui perçoivent dans cette reconfiguration militaire une tentative de compenser la réduction de l’empreinte française en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire pourrait ainsi devenir un point d’ancrage clé du dispositif américain dans la région, à l’instar de ce qu’était le Niger avant 2023.