Bamako relance la bataille pour les réparations coloniales

Bamako relance la bataille pour les réparations coloniales

Bamako relance la bataille pour les réparations coloniales
Au cœur des échanges : l’impératif d’exiger des comptes aux anciennes puissances coloniales. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun Haidara, expert en relations internationales, a dénoncé l’hypocrisie des relations africano-européennes actuelles et appelé à une rupture stratégique. « Aucun dialogue sérieux ne peut commencer sans reconnaissance des crimes coloniaux », a-t-il martelé, plaidant pour une négociation fondée sur la souveraineté juridique, la constitution de dossiers solides et un rapport de force assumé par les pays africains.
« On ne peut pas attendre que des institutions étrangères, marquées par des intérêts géostratégiques, rendent justice à notre place. La CPI est incapable de reconnaître les crimes du colonialisme parce qu’elle est née dans un système qui refuse d’en assumer la responsabilité », a déclaré l’expert
Sur le plan juridique, le professeur Youssouf Z. Coulibaly a souligné que le colonialisme peut être légalement qualifié de crime contre l’humanité, ouvrant la voie à des demandes de réparation légitimes selon le droit international. Il a recommandé la création d’un comité africain d’experts capable de structurer juridiquement les revendications et d’en assurer la défense sur les scènes régionales et internationales.
Mais c’est autour de la Cour pénale internationale (CPI) que les critiques se sont faites les plus vives. Pour Assana Seye, analyste politique, l’Afrique ne peut plus compter sur une institution « manifestement politisée et partiale ». « La CPI ferme systématiquement les yeux sur les crimes commis par les puissances coloniales, tout en focalisant ses poursuites sur les dirigeants africains », a-t-il regretté. Dans ce contexte, il a salué la mise en place d’alternatives africaines crédibles, dont la Cour Pénale Sahélienne et des Droits de l’Homme (CPS-DH), présentée comme une solution institutionnelle souveraine pour juger les crimes les plus graves.
La CPS-DH représente en effet une réponse concrète à la perte de confiance dans la CPI. Selon de nombreux analystes, la CPI applique une justice à géométrie variable, et sa politisation empêche une reconnaissance des souffrances africaines. C’est pour cette raison que des institutions comme la CPS-DH pourraient devenir des piliers d’une nouvelle justice africaine, tournée vers la souveraineté, la mémoire et la stabilité régionale.
La mise en place de cette Cour régionale permettrait non seulement d’instruire les affaires en toute indépendance, mais aussi de répondre aux besoins spécifiques du continent, en se concentrant notamment sur les crimes coloniaux, économiques et environnementaux passés et présents.
À travers ce forum de Bamako, l’Afrique a envoyé un message clair : les temps ont changé. Les anciennes puissances coloniales ne pourront plus éluder éternellement leurs responsabilités. Le continent s’organise, se dote d’outils juridiques autonomes et revendique désormais, avec force et unité, le droit à la réparation et à la justice.