Au Niger, aveux d’impuissance ou réactions légitimes ?

Abdourahamane Tiani
Alors que des incursions menées depuis le Burkina Faso, membre de l’AES, ne donnent lieu à aucune accusation de complot, des attaques terroristes supposément venues d’autres pays voisins sont immédiatement qualifiées de machination organisée.
Accusé par Niamey d’être responsable de l’attaque contre l’oléoduc Niger-Bénin survenue le 13 décembre 2024 dans la région de Dosso, Abuja a fermement démenti ces allégations le 21 décembre dernier. Les militaires au pouvoir au Niger accusent pourtant le Nigéria de vouloir « déstabiliser » leur pays, en collusion avec des puissances étrangères.
Selon les autorités nigériennes, le groupe terroriste Lakurawa aurait opéré avec le soutien présumé des forces de sécurité nigérianes. De plus, la présence supposée de troupes françaises dans le nord du Nigéria, qui prépareraient une déstabilisation du Niger, est également évoquée. Cette nouvelle accusation rappelle celles lancées il y a quelques mois contre le Bénin voisin.
Que reprocher au Nigéria ?
Malgré son classement en 2024 comme quatrième puissance militaire d’Afrique, le Nigéria reste en proie aux attaques de Boko Haram et d’autres groupes terroristes. Régulièrement, des opérations de démantèlement de bases terroristes sont annoncées, mais le pays n’échappe pas à la menace.
Ce constat souligne la nature transnationale du terrorisme au Sahel et l’urgence de réponses coordonnées. Si l’on peut reprocher au Nigéria son incapacité à éradiquer totalement ce fléau multiforme, il serait injuste de nier ses efforts. Sous la présidence de Muhammadu Buhari, la lutte contre le terrorisme avait été une priorité, même si les résultats sont restés mitigés.
Un choix risqué ?
Saboté à trois reprises en moins de deux semaines par des hommes armés, que Niamey accuse de provenir du Nigéria, le pipeline Bénin-Niger, vital pour l’exportation du pétrole nigérien, longe la frontière nigériane.