Au Burkina Faso, la bien-mauvaise solution d’Ibrahim Traoré

le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso
Les autorités militaires au pouvoir à Ouagadougou envisagent de réintroduire la peine capitale dans le Code pénal. C’est le ministre de la Justice qui, le 8 novembre 2024, a annoncé cette intention devant les députés de l’Assemblée législative de transition, lors de l’adoption d’un projet de loi sur les travaux d’intérêt général. Ce retour de la peine capitale s’inscrit, selon ses explications, dans la vision et les instructions du chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré.
Dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu, cette décision suscite des controverses, d’autant que la tendance générale en Afrique subsaharienne est à l’abolition de la peine de mort.
Une initiative aux motifs flous ?
Avant son abolition, la dernière condamnation à mort au Burkina Faso remonte à 1988. Bien que les détails du projet restent à préciser, des observateurs estiment que cette réforme viserait à punir des infractions liées au terrorisme, à la trahison, à l’intelligence avec des puissances étrangères, ou encore à l’atteinte à la sûreté de l’État. Ces accusations, régulièrement utilisées par les nouvelles autorités, alimentent l’idée d’une instrumentalisation de la justice.
L’instauration de la peine capitale ressemble à une épée de Damoclès suspendue au-dessus de quiconque contreviendrait aux orientations du régime. Mais cette mesure soulève des inquiétudes sur les motivations réelles des autorités. Dans un contexte de régime militaire, où l’indépendance du pouvoir judiciaire est souvent fragilisée, il y a des risques accrus d’arbitraire.
Une menace pour les droits humains ?
Dans de nombreux pays, la peine de mort est perçue comme une violation du droit à la vie, un droit fondamental. Elle est souvent comparée à une forme de vindicte populaire, incapable de régler durablement les problèmes et risquant de condamner des innocents.
Dans le contexte spécifique du Burkina Faso, où les actes terroristes sont menés par des individus volontaires pour mourir, la peine capitale risque d’être inefficace. Pire encore, elle pourrait exacerber la situation en stimulant le recrutement de nouveaux terroristes, séduits par des promesses de prise en charge de leurs familles après leur mort.