[Analyse Géopolitique] Crise au Mali: pourquoi l’armée a pris le pouvoir ?

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L’histoire a montré que les démocraties libérales africaines ont du mal à résister à des effets collatéraux induits par une crise. Le Mali est presque devenu le maillon faible de la bande sahélienne, alors que la plupart de ses voisins à l’exemple du Niger commencent à montrer des signes de résilience face aux GAT. Malgré un important dispositif mis en place par la force Barkhane et la MINUSMA, l’instabilité et les exactions des GAT peinent à être complètement éradiquées.
L’effectif théorique de l’armée malienne est de 17000 hommes dont 3000 sont opérationnels, à comparer avec les 5000 du G5 Sahel et des 5400 de la force Barkhane. Un contingent faible par rapport aux multitudes groupes djihadistes qui se disputent le terrain.
Construire un Mali « fort »
Face à cette impasse qui se prolonge, l’armée sous la houlette du Colonel Assimi GoÃta, un homme de terrain aguerrie, a ainsi décidé de prendre les rênes du pays, après l’échec du duo Bah Ndaw-Ouane. Le basculement vers un régime militaire « dur » vise plusieurs objectifs. La reconstruction de l’armée malienne reste une priorité stratégique de premier plan. En effet, Les soldats maliens mal payés, mal équipés subissent des attaques meurtrières des groupes terroristes. Ce qui porte un coup dur au moral des troupes.
« En effet, le problème de soldes impayés et le fait que jamais l’armée malienne n’a été aussi mobilisée au front. Il y a plusieurs promesses qui, en 2012, ont été faites aux soldats pour qu’ils retournent dans les casernes, au niveau des conditions de vie, notamment et qui reste à réaliser… De plus en plus, on a misé sur quelques corps d’élite pour défendre le Nord. Donc, évidemment, certaines personnes sont plus favorisées que d’autres, montent plus rapidement. Cela crée des frustrations » (Marc-André Boisvert, RFI).
Les multiples massacres perpétrés à l’encontre des FAMa, dont la plus meurtrière est celui du camp d’Indelimane, en novembre 2019 dans l’indifférence totale des autorités de Bamako à l’époque, avaient fini par convaincre qu’un pouvoir civil ne peut être efficace face aux nébuleux groupuscules.
La construction d’un Etat fort n’est pas en reste. L’instabilité chronique, la corruption et la mal gouvernance sous IBK ont été des facteurs qui ont permis au terrorisme de prospérer dans le nord. Les GAT utilisaient souvent le terme « les corrompus de Bamako » pour alimenter leur discours de haine et leur propagande pour convaincre les couches vulnérables.