La récente annonce du lancement officiel de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) béninoise, après des années de retard, est une nouvelle prometteuse pour l’avenir de l’audiovisuel dans le pays. Cependant, malgré les avantages considérables que la TNT apporte en termes de qualité de réception et de possibilité d’accéder à un nombre quasi illimité de chaînes de télévision et de radios, l’inclusion de chaînes étrangères dans le bouquet national soulève des inquiétudes.
La télévision est un outil puissant de transmission de l’information et de la culture, et elle peut être utilisée comme une arme dans la compétition farouche à laquelle se livrent les États sur l’échiquier mondial. Les contenus médiatiques mis à la disposition des populations par les États sont des indicateurs clairs de leurs ambitions et de la nature des citoyens qu’ils cherchent à former. Par conséquent, le choix des chaînes incluses dans le bouquet national doit être un choix politique délibéré, pesé et réfléchi, et non une décision unilatérale.
En ce qui concerne les chaînes étrangères incluses dans la TNT béninoise, France 24, TV5 et TIVI 5, il est important de souligner que leur inclusion ne relève pas d’un choix politique de l’État béninois. France 24 et TV5 sont des chaînes qui expriment le point de vue de la France et de ses alliés sur les affaires du monde, tandis que TIVI 5 vise à promouvoir la culture occidentale auprès des jeunes générations.
En tant que chaînes publiques de leur pays d’origine, elles sont des outils puissants d’influence, comme le sont toutes les chaînes publiques du monde. Par conséquent, leur intégration dans l’offre télévisuelle nationale, qui plus est gratuite, est une décision qui doit être prise avec prudence, en pesant soigneusement les implications stratégiques et les conséquences financières pour le pays.
Il est important de souligner que l’objectif de cette analyse n’est pas de bannir ces chaînes de l’espace audiovisuel béninois. Chaque citoyen a le droit de regarder ces chaînes s’il le souhaite, et il est important de préserver cette liberté de choix. Cependant, il ne revient pas à l’État béninois, et donc aux contribuables béninois, de financer la diffusion de ces chaînes d’influence d’États étrangers. Les autorités françaises ne prendraient jamais sur les impôts des Français pour diffuser la BBC, la Deutsche Welle ou la CNN en France sans exiger la réciprocité, et cela malgré la proximité culturelle et stratégique entre la France et chacun de ces pays.
En somme, il est essentiel que l’État béninois prenne en compte l’enjeu stratégique que représente la télévision dans la compétition mondiale pour l’influence culturelle et idéologique. Le choix de l’inclusion de chaînes étrangères dans le bouquet de la TNT béninoise ne doit pas être fait de manière unilatérale et sans une réflexion approfondie sur les conséquences potentielles. Il est important de se demander si la diffusion de ces chaînes contribue réellement à la réalisation des trois fonctions essentielles de la télévision, à savoir informer, éduquer et divertir, pour la population béninoise.
Il serait plus judicieux pour l’État de favoriser la production et la diffusion de contenus locaux qui reflètent les préoccupations, les aspirations et les spécificités culturelles du peuple béninois. Ainsi, la télévision pourrait devenir un véritable outil de promotion de la culture et de l’identité nationale, permettant de renforcer la cohésion sociale et d’affirmer la souveraineté du pays.