Pression de la France sur le Bénin dans le dossier Madougou: Karim da Silva exprime sa colère

Publié par
Edouard Djogbénou

Le sage de Porto Novo, le patriarche Karim da Silva est très en colère contre la France et les Etats-Unis. Dans une tribune rendue public, il s’insurge contre leur ingérence dans les affaires intérieures du Bénin. Dénonçant la position de la France dans le dossier « Reckya Madougou« , il martèle que personne ne peut commander au peuple béninois ce qu’il doit faire pour sa délivrance.

Les pressions exercées par la France sur le gouvernement du Bénin par rapport au dossier « Reckya Madougou », continuent de susciter de l’indignation au niveau de certaines personnalités béninoises. Sur la question , le patriarche Karim da Silva martèle qu’il ne se taira pas.  » Non ! On ne peut pas me demander de me taire… », clame-t-il dans une tribune.

Le président des sages et notables de la ville de Porto Novo ( capitale politique du Bénin), affirme n’en croire pas ses oreilles quand il apprend par RFI que la France exerce des pressions sur le Président de la République du Bénin pour obtenir la libération de Reckya MADOUGOU, condamnée à 20 ans par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). « Je n’en crois pas mes oreilles. La France, pays de ‘’l’esprit des lois’’ et donc de la séparation des pouvoirs, par l’action de son gouvernement, à travers le Ministre Jean Yves LE DRIAN, veut imposer au pouvoir exécutif béninois, de passer outre une décision de justice, et qu’est-ce que cela veut dire ?« , se demande avec exaspération, le bientôt centenaire.

Pour faire comprendre à la France que le Bénin n’a pas de leçon de démocratie à recevoir d’elle, Karim da Silva va faire référence à certains pans de l’histoire française. « C’est pourtant en France, que nous avons vu, le général de GAULLE, ramener précisément à 67 ans et demi, l’âge du départ à la retraite des magistrats du Conseil d’Etat, parce qu’il ne voulait se débarrasser que d’un seul qui avait exactement 67 ans et demi« , rappelle le doyen des sages de Porto Novo.

Il poursuit dans ses exemples en affirmant que c’est toujours dans ce pays qui se prend comme exemple de la démocratie que « le président avait trouvé inadmissible la liberté, pour un condamné à mort, de saisir une juridiction et obtenir, au moyen du recours pour excès de pouvoir, l’annulation de l’ordonnance qui a créé le tribunal dont le jugement le condamnait à la peine capitale« , rappelle-t-il.

La première conséquence de ce jugement célèbre dit « arrêt Canal« , fut que le condamné à mort et ses comparses, dangereux activistes, poseurs de bombes, recouvrèrent automatiquement la liberté… Or, bien entendu, la loi est générale et impersonnelle, a fait savoir Karim da Silva

Que nous veut la France…?

Dans sa volonté de rappeler à la France qu’elle n’a aucune leçon de démocratie à donner au Bénin, le président des sages et notables de Porto Novo ne se limite pas à des exemples pris de la France. Selon lui, au Congo, le général Jean-Marie MOKOKO, candidat malheureux aux élections présidentielles, a été lourdement condamné (20 ans de travaux forcés) à l’âge de 71 ans, par le tribunal, dans une nébuleuse affaire. « Quelle fut, dans ce cas congolais, la position de la France et quelles sont les pressions qu’elle a exercées sur le président congolais, pendant qu’ainsi ce dernier confortait son pouvoir, afin de veiller à la pérennité d’intérêts qu’on connaît bien ?« , s’est demandé Karim da Silva.

Les poursuites en France, poursuit-il, contre des biens mal acquis seraient-elles des procédures engagées avec la bénédiction de l’Etat français qui vient de nous démontrer, par ses pressions sur le président Béninois, que l’exécutif français n’est ni neutre, ni impuissant, dans cette  brumeuse histoire de biens mal acquis, et qu’il n’a que faire du principe de la séparation des pouvoirs ?

Prenant ensuite la défense de la justice béninoise, Karim da Silva estime que le juge béninois en procédant par la recherche de la volonté interne des mis en cause (dans les dossiers déstabilisation de l’Etat ou financement de terrorisme), est parvenu à la conclusion qu’ils ont tenu des propos et posé des actes graves, attentatoires à la sûreté de l’Etat Béninois. « Il ne s’agit donc pas, d’innocentes victimes livrées par l’arbitraire du prince, à la rigueur de la loi. Les mis en cause ne sont pas, non plus, de paisibles citoyens jetés en pâture à la vindicte domestique du juge répressif, à cause d’un agenda particulier. Nul n’est censé ignorer la loi ! En agissant comme ils l’ont fait, n’est-on pas en droit de se demander s’ils ignoraient ce à quoi ils s’exposaient ? La loi n’est-elle pas égale et applicable à tous ?« , a tranché le sage de Porto Novo.

Pour lui, la justice a tranché ! et « personne ne peut commander, à notre peuple, ce qu’il doit faire, pour sa délivrance et son développement, ni ce qu’il devrait faire pour maintenir la paix.  Nous avons des institutions ! D’où vient-il donc que les Etats-Unis et la France se mêlent d’apprécier le respect de la séparation des pouvoirs au Bénin ?« , conclut-il.

Voir les commentaires

  • La France ignore qu'elle aggrave plutôt la situation de Réckya. Quelle ingérence flagrante !!!

  • Pepe , un peu de sagesse,
    C'est ce que vous , nos grands parents et ainés ne pourront pas faire que la France est entrain de faire.
    Libérer Reckya et Joel ne devrait pas etre l'affaire de la France mais des béninois.
    Le BENIN est une terre de solidarité.

  • La France nous achète au prix que nous nous présentons. Si des africains peuvent s'associer pour punir leur frère sur injonctions de la France au moment où toute l'Europe se met derrière la France pour la soutenir au Mali, vous ne devez pas être surpris cher Pépé.

  • Le Bénin est un pays souverain. Il n'est pas une préfecture de la France. Le Bénin comme la France, a un Président de la République.
    La France aux Français, le Bénin aux Béninois

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Edouard Djogbénou