Un rétropédalage digne d’une course à bicyclette aux Jeux Olympiques d’été. C’est le spectacle que le gouvernement s’est offert après 5 ans environ de mise en Å“uvre de sa réforme de mise à disposition de véhicules administratifs au profit du personnel de l’État et de ses hôtes de marque. Réforme encore appelée « leasing » ou « location à longue durée (LLD) ». Selon les indiscrétions, plus de 2.500 milliards de FCFA de crédits budgétaires seraient engloutis dans cette affaire.
Le gouvernement a mis un terme définitivement à la réforme de location à longue durée (LLD) ou encore le leasing. Depuis deux ans environ, l’État s’est rendu compte de la cherté des services de location de moyens roulants confiés à des particuliers. Ainsi, après 5 années d’hémorragie financière, l’État a décidé de mettre définitivement un terme à cette pratique qui n’a pas profité à l’État, nous renseigne une source proche de l’administration financière. Ainsi, sans tapage ni publicité autour de cette décision, l’État a retiré la réforme des mains des trois adjudicataires.
Désormais, il revient sur l’ancienne pratique qu’il a pourtant décriée dans les rapports et un peu partout, comme la vache à lait de certains garages privés. En effet, depuis deux ans environ, l’État est retourné sur les parkings de vente de véhicules neufs pour s’octroyer ses moyens roulants, selon certains administratifs sous anonymat. L’ambitieux projet vanté par le chef de l’État, Patrice Talon et son ministre de l’Économie et des finances a échoué, car le service après-vente était devenu trop onéreux pour le gouvernement : les trois adjudicataires de ce marché d’appel d’offre lancé en 2017 obèrent les caisses du Trésor public.
Et pourtant, selon Patrice Talon le 16 octobre 2020, au détour d’une rencontre avec les partenaires sociaux, « …en dehors de l’entretien courant, il y a des cas d’accident qui nécessitent des réparations, et quand on fait la somme des dépenses liées à l’achat et à l’entretien du véhicule rapportée au nombre de voitures, on constate que l’État dépense sur une période de cinq ans, l’équivalent de trois fois la valeur du véhicule. » L’État dépense 80 millions de francs CFA sur une voiture qui coûte 20 millions de francs CFA. Sans compter les cas de vol des pneus des pièces des véhicules. Tout ce qui m’amène à économiser un franc de l’État est mon choix. »
Sans aucune explication et reddition de compte de cette réforme, le gouvernement revient à l’ancienne pratique. Et déjà, on note des véhicules neufs acquis sur le budget national dans le patrimoine du garage. Des structures publiques comme l’armée, certaines institutions de la République disposent déjà de ces véhicules. Quant aux restes des véhicules LLD encore en circulation, les cadres de la Cellule de Gestion des Véhicules estiment que les contrats sont encore en cours et que le gouvernement ne compte plus renouveler ses contrats dès qu’ils arriveront à échéance.
Il faut préciser que tellement Patrice Talon et son argentier Romuald Wadagni croyaient à cette réforme qu’ils y ont mis du sien avec la création en septembre 2019 de l’Agence pour la gestion de la logistique des officiels (Aglo) et la Cellule de gestion des véhicules. Cette agence avait pour mission de mettre à disposition des moyens pour les déplacements au Bénin et à l’étranger pour les hôtes de marque du Gouvernement et pour le personnel de l’État et ses démembrements. Elle est dotée d’un budget de fonctionnement initial de 100 millions de FCFA.