L’histoire paraît invraisemblable, mais elle est bien réelle. A.B., un juriste talentueux mais coutumier des manœuvres frauduleuses, a tenté une évasion digne d’un scénario de film en se déguisant en femme pour quitter la prison d’Abomey-Calavi.
Malheureusement pour lui, son stratagème a échoué, et la justice vient de le condamner à 10 ans de réclusion. Sa femme et son frère, complices de ses machinations, n’ont pas non plus échappé à la sentence.
A.B. n’en est pas à son premier coup d’éclat. Brillant juriste, il s’est d’abord illustré dans le monde judiciaire en usurpant le titre de magistrat et en commettant divers actes d’escroquerie. Détecté et condamné, il ne s’est pourtant pas avoué vaincu. Il a tenté, sous une fausse identité, d’intégrer la magistrature en réussissant le concours d’entrée, avant d’être démasqué lors de l’enquête de moralité. Non découragé, il a récidivé en passant l’examen du certificat d’aptitude à la profession d’avocat. Là encore, son passé l’a rattrapé et l’a empêché d’exercer.
Mais A.B. n’était pas homme à abandonner ses ambitions frauduleuses. Alors qu’il purgeait une peine de prison, il a imaginé un plan audacieux pour manipuler le système judiciaire et orchestrer une libération illégale.
Une tentative de libération orchestrée depuis la prison
Depuis sa cellule, A.B. a fait appel à son frère J.B., greffier de profession, pour l’aider dans une entreprise frauduleuse. Il a falsifié la signature et le cachet d’un procureur afin de produire un faux document ordonnant la libération d’un détenu de la prison d’Abomey-Calavi. Pensant que la supercherie passerait inaperçue, il a confié l’acte à son frère, qui s’est chargé de le transmettre aux autorités pénitentiaires.
Mais le régisseur de la prison, faisant preuve de vigilance, a pris le soin de contacter directement le procureur supposé avoir signé l’acte. La fraude a alors été immédiatement découverte, et J.B. s’est retrouvé impliqué dans l’affaire. Jugé pour complicité de faux et usage de faux en écriture publique, il a écopé de trois ans de prison ferme.
Loin de se résigner après cet échec, A.B. a conçu un plan encore plus audacieux : se faire passer pour une femme afin de sortir clandestinement de la prison. Avec l’aide de son épouse, il a réuni tous les accessoires nécessaires à sa transformation. Perruque, robe, soutien-gorge rembourré avec le gilet de prisonnier, maquillage… Tout était minutieusement pensé pour tromper la vigilance des surveillants.
Au parloir, il s’est métamorphosé en femme et s’est dirigé vers la sortie, espérant se fondre dans la foule des visiteurs. Mais c’était sans compter sur la perspicacité d’une agente de l’Agence pénitentiaire du Bénin (APB). Soupçonnant quelque chose d’anormal, elle a alerté sa hiérarchie. A.B. a été interpellé avant même d’avoir pu franchir les portes de la prison.
Un verdict sans appel
Présenté devant un collège de juges, A.B. a été condamné à 10 ans de prison ferme pour tentative d’évasion et faux en écriture publique. Son épouse, complice de cette entreprise hasardeuse, a écopé de 3 ans de réclusion. Son frère greffier, impliqué dans l’affaire du faux document, a lui aussi été condamné à 3 ans de prison. Quant au policier en poste au moment de l’évasion avortée, jugé pour négligence, il a été sanctionné d’un an de prison ferme.