La présidente de l’Institut national de la femme n’est pas restée indifférente à la polémique suscitée par la thèse de doctorat de Florent Eustache Hessou, soutenue sur la sorcellerie. Claudine Prudencio n’a pas aimé la manière dont le nouveau docteur a traité la femme dans ses différentes sorties pour expliquer les résultats de ses recherches scientifiques.
« Le siège de la sorcellerie est au niveau de la femme, notamment au niveau de sa matrice ». C’est ce que retient Florent Eustache Hessou après plusieurs années de recherches sur le thème « Représentations sociales de la sorcellerie (AZE) chez les fon du Sud-Bénin ». Ce point de vue n’est pas du gout de Claudine Prudencio, elle y voit une chosification de la femme.
En quoi c’était utile pour Florent Eustache Hessou de présenter la femme comme le siège d’une pratique spirituelle qui fait l’objet de peur et de stigmatisation ? Plus grave, Florent Eustache Hessou parle du sexe de la femme en des termes vulgaires, toute chose qui écorche énormément l’image et la dignité de la femme.
Claudine Prudencio, président de l’Institut national de la femme
Pour elle, le travail d’un socio-anthropologue devrait avoir pour finalité d’éclairer sans coller des étiquettes à une frange de la société, mais Florent Eustache Hessou s’est visiblement éloigné de ce principe. « Force est de constater que l’auteur (Flortent Hessou), très imbu de sa personnalité, exprime des prétentions qui n’ont de mérite que de créer la confusion et des frustrations gratuites », déplore Claudine Prudencio. « Quelles que soient les justifications que Florent Eustache Hessou avanceraient pour justifier ses propos, il peut au moins se rendre compte que l’écho produit par ses propos sur la femme est complètement négatif », a-t-elle ajouté.
« Il (Florent Hessou) s’enlise dans des débats inutiles… »
Pour Prudencio, le socio-anthropologue s’enlise dans des débats inutiles et a choisi de prendre la femme comme exemple, qu’il écorche dans ses propos. Elle dénonce la légèreté avec laquelle Florent Eustache Hessou aborde le sujet, alors qu’il devrait fait preuve de maturité scientifique. « Il s’enlise dans des débats inutiles avec choix délibéré de prendre la femme comme principal exemple, sous prétexte de valoriser ses puissances spirituelles, alors qu’au finish, la femme se retrouve chosifiée dans l’opinion. Ce qui n’est pas bien », a-t-elle relevé.
Le Bénin est un pays laïc. La présidente de l’Institut national de la femme ne comprend donc pas pourquoi on doit coller la sorcellerie à l’image de la femme. « Dans un Etat comme le nôtre qui se veut laïc où les croyances sont diverses, il est inconcevable d’associer le féminin à la sorcellerie, de surcroît, sur la place publique. Il est à mentionner que c’est un préjudice grave et sans précédent porté à la gent féminine dans un contexte où l’on promeut l’égalité », dénonce l’ex-députée.
La présidente du Haut Conseil de l’UDBN qualifie les propos de Florent Eustache Hessou de sexistes et portant atteinte à l’honneur de la femme. Elle est indignée, mais ne fera pas une guerre ouverte avec le docteur. « Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Florent Eustache Hessou reste notre frère, notre enfant, il peut se tromper », a conclu Claudine Prudencio.
